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Liban : Tsahal annonce avoir validé des plans d'offensive, le Hezbollah menace de frapper Israël avec ses missiles

Tsahal a validé des plans d'opération pour une intervention au Liban afin d'en chasser le Hezbollah. Hassan Nasrallah a quant à lui rétorqué que «nos missiles ne pourraient être évités nulle part», menaçant aussi Chypre d'être considérée comme partie au conflit si elle ouvrait ses bases à l'armée israélienne.

La guerre se profile entre les deux ennemis frontaliers. «Le commandant du Commandement Nord, le général de division Ori Gordin et le chef de la Direction des opérations, le général de division Oded Basiuk, ont approuvé des plans opérationnels et effectué une évaluation conjointe de la situation plus tôt aujourd'hui», a indiqué l'armée israélienne dans un message publié sur la plateforme X (ex-Twitter) le 18 juin au soir.

«Au cours de cette évaluation, des plans pour une offensive au Liban ont été approuvés et validés, et des décisions ont été prises pour poursuivre l'augmentation de la préparation de nos troupes sur le terrain», a également indiqué Tsahal.

«Nasrallah se vante aujourd'hui de filmer les ports de Haïfa, exploités par des sociétés internationales chinoises et indiennes, et menace de les attaquer», a de son côté déclaré le chef de la diplomatie israélienne sur sa page X. «Nous sommes très proches du moment où il sera décidé de changer les règles contre le Hezbollah et le Liban», a-t-il ajouté. 

Le Hezbollah a en ligne de mire Haïfa

«Dans une guerre totale, le Hezbollah sera détruit et le Liban sera durement touché», a poursuivi, menaçant, Israël Katz. «L’État d’Israël paiera un prix sur le front et sur le front intérieur, mais avec une nation forte et unie et la pleine puissance de Tsahal, nous rétablirons la sécurité des habitants du nord», a insisté le ministre israélien des Affaires étrangères, conscient des conséquences d'une guerre pour l'État hébreu. 

Ces propos du chef de la diplomatie israélienne interviennent quelques heures après la publication d'une vidéo d'un drone du Hezbollah filmant les installations portuaires, militaires et les zones résidentielles de la ville de Haïfa, à une trentaine de kilomètres de la frontière libanaise.  Le site Al-Manar a partagé les clichés le 18 juin, indiquant qu'ils comprenaient en effet «le port de Haïfa et les conteneurs de produits chimiques à proximité, l'aéroport de Haïfa et sa piste d'atterrissage, les centres de fabrication de missiles et les sites israéliens, des points de défense aérienne, des centres commerciaux, des centres d’habitation pour le personnel militaire ou des travailleurs dans les centres environnants du nord, et de nombreuses autres cibles». 

Le titre de l'article est pour le moins évocateur : «Les installations militaires d’occupation du nord de la Palestine sont sous l’œil de la résistance.» Une menace explicite en cas de conflit ouvert avec le parti chiite.

Nasrallah menace Israël et Chypre

Plus tard ce 19 juin, dans un discours télévisé, le leader Hassan Nasrallah a, encore plus explicitement, menacé Israël : «l'ennemi sait que nous nous préparions au pire (...) et que nos missiles ne pourraient être évités nulle part», a déclaré Nasrallah. 

Nasrallah a aussi, pour la première fois menacé l'île méditerranéenne de Chypre, affirmant «détenir des informations selon lesquelles (...) Israël dit qu'il utiliserait les aéroports et bases chypriotes si le Hezbollah attaquait ses aéroports».

«L'ouverture des aéroports et des bases chypriotes à l'ennemi israélien pour cibler le Liban signifierait que le gouvernement chypriote est partie prenante de la guerre», a-t-il lancé.

Membre de l'UE, Chypre entretient de bonnes relations avec le Liban et Israël. Chypre est située à environ 200 km du Liban et quelque 300 km d'Israël.

Washington ne parvient pas à atténuer les tensions

Cette montée des tensions a eu lieu le même jour que la visite de l'émissaire américain Amos Hochstein, qui s'évertue à pacifier la zone frontalière. Selon un article de L'Orient-Le Jour, le déplacement du diplomate correspondrait à un message de dernière chance avant un conflit ouvert entre le Hezbollah et l'armée israélienne. Le quotidien libanais a indiqué que les États-Unis voulaient éviter «une guerre à grande échelle» entre les deux parties, mais qu'ils n'étaient plus être en mesure de «calmer les ardeurs de Tel-Aviv». 

Amos Hochstein semble s'être résolu à accepter le fait accompli de l'axe iranien : le front libanais est indissociable du dossier gazaoui. Pour ce faire, le diplomate américain, selon des informations de L'Orient-Le Jour, opterait pour un cessez-le-feu, le retour des habitants, le retrait des éléments armés et la prévention de leur réapparition – sans exiger le retrait ou le démantèlement du Hezbollah –, le renforcement de l'armée libanaise et de la Finul, des garanties concernant l'exploration pétrolière et gazière, ainsi que des investissements étrangers dans le Sud et sa reconstruction. 

Depuis le 8 octobre, l'armée israélienne et le Hezbollah s'affrontent quotidiennement par le biais d'escarmouches et d'attaques ciblées sur des postes d'observation, Tsahal visant les cadres du parti chiite. Alors que les deux ennemis se sont d'abord cantonnés à des attaques ne dépassant pas un rayon de cinq kilomètres autour de la zone limitrophe, les opérations ont depuis évolué en intensité et en profondeur.