International

Craintes d'intervention israélienne au Liban : l'émissaire de Joe Biden espère pacifier la frontière

Amos Hochstein s'est déplacé en Israël et au Liban les 17 et 18 juin pour empêcher une guerre ouverte entre les deux ennemis frontaliers. L'émissaire américain a notamment rencontré les dirigeants des deux pays. Benjamin Netanyahou a proféré des menaces ouvertes d'intervention au pays du Cèdre pour chasser le Hezbollah.

L'envoyé spécial américain Amos Hochstein était en Israël le 17 juin et est arrivé à Beyrouth dans la matinée de ce 18 juin. Sa mission : empêcher l'escalade militaire qui se profile entre les deux ennemis frontaliers. 

Au pays du Cèdre, le diplomate américain a rencontré le Premier ministre Najib Mikati à son domicile, mais s'est également s'entretenu avec le chef du Parlement Nabih Berry et le général des armées Joseph Khalil Aoun. Le leader du parti Amal fera notamment l'intermédiaire avec les revendications du Hezbollah, indique un article du Wall Street Journal. Les États-Unis n'ont en effet pas de contact direct avec la formation d'Hassan Nasrallah qu'ils ont classé dans la liste des organisations terroristes dès 1997. 

Le quotidien francophone L'Orient-Le Jour a rapporté des frappes israéliennes alors que l'émissaire israélien venait d'arriver dans la capitale libanaise.

La veille, en Israël, il avait rencontré le Premier ministre Benjamin Netanyahou, le président Isaac Herzog mais également l'ancien membre du cabinet de guerre Benny Gantz ainsi que le chef de l'opposition Yaïr Lapid. «Le conflit entre Israël et le Hezbollah a assez duré», a affirmé l'envoyé du président Joe Biden lors d'une visite à Beyrouth, après un déplacement à Jérusalem. «Il est dans l'intérêt de tous de le résoudre rapidement et par la diplomatie, c'est à la fois réalisable et urgent», a-t-il ajouté.

Le Hezbollah a tiré plus de 5 000 roquettes et drones sur Israël depuis octobre

«Je peux confirmer que l'envoyé du président américain Joe Biden [Amos Hochstein] a rencontré notre Premier ministre», a déclaré le porte-parole du gouvernement israélien David Mencer, lors d'un point de presse cité par l'AFP. David Mencer a indiqué que le Hezbollah avait tiré plus de 5 000 roquettes, missiles antichars et drones explosifs sur le territoire israélien depuis le début du conflit à Gaza. «Nous nous défendons contre l'agression du Hezbollah. Il n'y a pas de différend territorial entre le Liban et Israël», a-t-il assuré.

Lors de son entretien avec le chef d'État israélien, Amos Hochstein a évoqué avec lui «les attaques incessantes et les tirs de roquettes du Hezbollah, soutenu par l'Iran, vers les villes du nord d'Israël», selon la présidence israélienne le 17 juin. Le ministre de la Défense Yoav Gallant a pour sa part informé Amos Hochstein de l’évolution de la situation dans le nord, où les tensions se sont récemment intensifiées avec le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, rapporte The Times of Israël.

Un début de retrait du Hezbollah  de la frontière ?

Alors que l'émissaire américain se rend pour la quatrième fois depuis le 7 octobre dans la région, il a tenté d'arracher un accord entre les deux belligérants en suggérant notamment un plan en trois étapes : la fin des hostilités, l'envoi de l'armée pour pacifier la zone et le règlement des contentieux frontaliers entre le Liban et l'État hébreu. Le Hezbollah avait catégoriquement rejeté un plan prévoyant la fin des combats en stipulant que l'arrêt du conflit au Sud-Liban était intrinsèquement lié à la fin de la guerre à Gaza. 

Le diplomate américain avait de plus fait miroiter une aide économique au Liban pour convaincre le mouvement chiite d'accepter l'offre. En effet, dans un entretien accordé à Reuters le 30 mai, Amos Hochstein a indiqué que les États-Unis voulaient faire comprendre au pays du Cèdre qu'en cas de cessation des hostilités, ils veilleraient «à ce que la communauté internationale démontre au peuple libanais que nous sommes investis en lui». À ce propos, il a précisé que l'administration américaine était prête à aider le Liban pour son réseau électrique défectueux. «Nous avons une solution pour cela. Nous avons mis au point un paquet qui pourrait créer une solution qui leur permettrait d'atteindre 12 heures d'électricité en... peu de temps», a-t-il précisé.

D'ailleurs, un responsable militaire israélien, cité par la chaîne de télévision saoudienne Al Arabiya, agence connue au Proche-Orient pour sa critique à l'égard du parti chiite, a déclaré que le Hezbollah avait été «contraint de retirer ses forces à huit kilomètres à l'intérieur du territoire libanais». Une affirmation démentie par le bureau de presse du Hezbollah qui affirme que le parti continue d'effectuer certaines de ses opérations depuis des positions situées tout près de la frontière.

Le responsable israélien, qui n'a pas été identifié par la chaîne saoudienne, a aussi assuré que les troupes de l'État hébreu avaient «réussi à écarter la menace d'une invasion par le Hezbollah de vastes zones de la région israélienne de Galilée [nord d'Israël]». Il a également déclaré que les capacités militaires du parti chiite étaient «modestes» et qu'elles n'étaient «pas les mêmes qu'avant le 7 octobre». «L'assassinat de responsables du Hezbollah sème la confusion et cause un préjudice direct au parti», a-t-il affirmé.

Depuis le 8 octobre, l'armée israélienne et le Hezbollah s'affrontent quotidiennement par le biais d'escarmouches et d'attaques ciblées sur des postes d'observation, Tsahal ciblant les cadres du parti chiite. Alors que les deux ennemis se cantonnaient à des attaques ne dépassant pas un rayon de cinq kilomètres autour de la zone limitrophe, les opérations ont depuis évolué en intensité et en profondeur.