Sommes-nous à la veille d'une escalade militaire entre le Hezbollah et l'armée israélienne ? Une chose est sûre, les indicateurs sont au rouge et de nombreux responsables internationaux s'inquiètent de la dégradation de la situation à la frontière israélo-libanaise.
En effet, deux responsables des Nations unies ont évoqué au Liban un risque «très réel» de «mauvais calcul» sur la frontière sud du Liban, pouvant entraîner un conflit plus large entre le Hezbollah et l’armée israélienne, a rapporté Reuters le 15 juin.
La coordinatrice spéciale de l’ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert et le dirigeant des forces de maintien de la paix des Nations unies au Liban, Aroldo Lazaro, ont indiqué dans un communiqué être «profondément inquiets» devant le risque d'escalade le long de la frontière.
Selon des responsables américains, une guerre se profile
Une inquiétude également partagée à Washington. Plusieurs dirigeants américains ont déclaré le 14 juin à CBS News qu'ils interprétaient les récentes frappes israéliennes sur le Liban, et surtout celles visant des cibles plus au nord de la frontière, comme une préparation de l'armée israélienne à un «assaut généralisé» sur le pays. Ces responsables, qui se sont exprimés sous le couvert de l'anonymat, ont fait part de leurs craintes qu'Israël ne déclenche une guerre contre le Hezbollah qu'il ne pourrait pas terminer sans le soutien des États-Unis.
Toujours selon la même source, l'appréhension d'autres fonctionnaires américains se concentre sur le Hezbollah. Selon eux, le volume des tirs de roquettes contre le nord d'Israël pourrait avoir des «conséquences inattendues» susceptibles de déclencher un effet domino d'escalades et de représailles conduisant à «une guerre involontaire».
La situation reste bien sûr tributaire de celle à Gaza. Un haut responsable de l'administration Biden, toujours cité par CBS, a déclaré en marge du sommet du G7 que «la chose la plus importante à propos de la libération des otages et de l'accord de cessez-le-feu qui est actuellement sur la table est que, s'il est conclu, il peut avoir un impact dans le nord, nous donnant l'occasion de mettre un terme à ce conflit».
Israël se dit «prêt» pour une opération depuis début juin
Ce n'est pas la première fois que des responsables américains s'alarment de la situation au sud du Liban. Cette hypothèse de l'élargissement du front nord à une intervention terrestre des troupes israéliennes avait déjà été soulevée par une enquête de CNN dès le le 29 février dernier. Des membres de l'administration et des responsables du renseignement américains redoutaient une incursion terrestre de Tsahal au Liban à la fin du printemps ou au début de l'été, en cas d'échec des efforts diplomatiques pour éloigner le Hezbollah de la frontière nord.
Ces inquiétudes interviennent quelques jours après les menaces ouvertes des dirigeants israéliens à l'encontre du Liban. Le 5 juin, le Premier ministre Benjamin Netanyahou avait averti le Liban, se disant «prêt» à une opération «très intense» à la frontière. Des propos similaires avaient également été tenus par le président israélien Isaac Herzog et des responsables de Tsahal.
Depuis le 8 octobre, l'armée israélienne et le Hezbollah s'affrontent quotidiennement par le biais d'escarmouches et d'attaques ciblées sur des postes d'observation, Tsahal visant les cadres du parti chiite. Alors que les deux ennemis se sont d'abord cantonnés à des attaques ne dépassant pas un rayon de cinq kilomètres autour de la zone limitrophe, les opérations ont depuis évolué en intensité et en profondeur.