«Nous ne ferons pas partie du comité relatif à la sécurité frontalière nord proposé par la France». Ce sont les mots de Yoav Gallant, ministre israélien de la Défense, publiés en français sur sa page X (ex-Twitter) le 14 juin. «Alors que nous menons une guerre juste pour défendre nos concitoyens, la France adopte des politiques hostiles à l’égard de l’État d’Israël, ignorant ainsi les atrocités commises par le Hamas à l'encontre d'enfants, de femmes et hommes israéliens», s'est justifié ce proche de Benjamin Netanyahou.
«Nous avons tous partagé une préoccupation sur la situation à la frontière avec le Liban, et en particulier avec les États-Unis d'Amérique», avait déclaré le 13 juin le président français lors d'une conférence de presse en marge du G7. Le chef d'État français avait poursuivi en insistant sur le fait que «le principe d'une trilatérale Israël/États-Unis/France» était «acté» afin d'«avancer sur la feuille de route que nous avons proposée», tout en affirmant que la proposition serait également soumise aux autorités libanaises.
Des diplomates israéliens désapprouvent les propos de Gallant
Cette initiative française est la continuation de la feuille de route présentée par Paris au début de l'année pour contenir les tensions à la frontière libano-israélienne, où les affrontements sont quasi quotidiens entre l'armée israélienne et le Hezbollah depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza.
Toutefois, il semble que les propos de Yoav Gallant sur la proposition français ne fasse pas consensus. «Nous désapprouvons les attaques du ministre de la Défense Gallant contre la France», ont déclaré de hauts responsables de la diplomatie israélienne des Affaires étrangères, a rapporté The Times of Israël, citant un communiqué. Selon le quotidien en ligne israélien, les diplomates ont ajouté qu'«au-delà des désaccords existants entre Israël et la France, les déclarations contre la France sont incorrectes et inappropriées».
Toujours selon la même source, ces diplomates israéliens ont également tenu à remercier l'aide apportée par la France lors de l'attaque iranienne sur le sol israélien dans la nuit du 13 au 14 avril dernier. En effet, Paris avait intercepté plusieurs drones et missiles survolant la Jordanie.
Les négociations «ont atteint un stade avancé» malgré les combats
Aux niveaux des négociations pour parvenir à une cessation des hostilités à la frontière israélo-libanaise, outre la proposition d'Emmanuel Macron, Amos Hochstein, l'émissaire américain pour le dossier libanais, se rendra en Israël le 17 juin prochain, a rapporté L'Orient-Le Jour. Le Qatar joue également un rôle de premier plan. Toujours selon la même source, Ali Hassan Khalil, conseiller politique du président du Parlement libanais Nabih Berry, était récemment en visite à Doha pour évoquer la situation dans le sud du pays du Cèdre.
«Doha est mandaté par Washington tout comme Ali Hassan Khalil est chargé par le tandem Hezbollah-Amal de transmettre les messages et les réponses», explique un diplomate arabe cité par le quotidien francophone libanais. «Les discussions concernant la mise en place d’un plan global de cessez-le-feu et le retour des habitants des deux côtés de la frontière ont atteint un stade avancé», a ajouté cette source.
Les pourparlers n'envisageraient plus le retrait des forces du Hezbollah de la frontière, mais le retrait des armes lourdes ainsi qu'à longue portée, précise la source. Or deux points seraient toujours en suspens. Le premier concerne le survol de l'espace aérien libanais par l'aviation israélienne et le second porte sur les fermes de Chebaa, territoire occupée militairement par l'armée israélienne mais appartenant au Liban.
Toujours est-il que sur le terrain les tensions augmentent de plus en plus entre les deux belligérants. Benjamin Netanyahou, Isaac Herzog et les hauts gradés de l'armée israélienne ont même ouvertement menacé le Liban d'une opération terrestre pour chasser le Hezbollah de la zone frontalière. Les États-Unis seraient particulièrement préoccupés par une escalade à la frontière israélo-libanaise qui conduirait à une «guerre totale», selon un haut responsable américain, cité par l'agence Reuters.