Pour le Premier ministre hongrois Viktor Orban, la situation internationale est particulièrement préoccupante. «Nous approchons de la fin de nos possibilités» a mis en garde le chef du gouvernement hongrois dans une interview sur Kossuth Rádió le 7 juin.
«Je pense qu'il y a un point difficile à définir, mais dans l'histoire de la préparation de chaque guerre, il y a eu un point qui contenait la dernière opportunité de faire demi-tour... Nous sommes dans les dernières minutes, à quelques centimètres du point de non-retour», a-t-il déclaré. À cet égard, le Premier ministre hongrois a estimé «décisives» les échéances électorales européennes. Il a également évoqué les élections aux États-Unis, en fin d’année, espérant qu’une victoire de Donald Trump permettrait de former une «coalition transatlantique de la paix».
Les inquiétudes, maintes fois répétées, du Premier ministre s’inscrivent dans un contexte d’escalade militaire en Europe alors que plusieurs États européens ont autorisé Kiev à utiliser leurs armes pour frapper en territoire russe. La veille de cette interview, le président français a annoncé qu’il livrerait des Mirage 2000-5 aux forces ukrainiennes.
«Nous devons appuyer sur le frein d'urgence»
Depuis plusieurs semaines, le Premier ministre hongrois alerte sur la montée des tensions en Europe. «Nous devons appuyer sur le frein d'urgence», avait-il lancé le 1er juin, dans un discours à l’occasion d’une marche pour la paix à Budapest. «Les préparatifs sont en cours pour que l’Europe entre en guerre» avait déclaré Orban le 24 mai, déjà sur Kossuth Rádió. Il avait alors dénoncé les déclarations d’hommes politiques et de journalistes occidentaux, estimant qu’elles visaient à préparer l'opinion à la guerre contre la Russie.
En marge du Forum économique international de Saint-Pétersbourg, le 6 juin, le chef de la diplomatie hongroise, Péter Szijjarto, a soutenu que son pays ne participerait «ni aux livraisons d’armes, ni à la formation» des soldats ukrainiens, «ni au financement» de la guerre.
Bien qu’elle ait toujours voté les sanctions européennes, la Hongrie réclame ouvertement un cessez-le-feu en Ukraine, redoutant notamment une escalade entre la Russie et l’OTAN. Budapest est régulièrement pointée du doigt par ses partenaires occidentaux pour ses positions présentées comme favorables à Moscou. Des partenaires qui, à plusieurs reprises, ont brandi la menace de mesures de rétorsion afin de contraindre la Hongrie à aller dans leur sens.