«Ce qui se passe actuellement à Gaza en réponse à l'attaque terroriste sur Israël ne ressemble pas du tout à une guerre. Il s'agit d'une espèce d'anéantissement total de la population civile», a dénoncé Vladimir Poutine devant un parterre de journalistes en marge du Forum économique international de Saint-Pétersbourg (SPIEF), le 5 juin au soir.
En effet, répondant à une question de l'agence turque Anadolu au sujet du conflit à Gaza, le président russe a pointé du doigt la responsabilité de Washington. Il a estimé que la crise était «le résultat de la politique des États-Unis, qui ont monopolisé le règlement israélo-palestinien et mis de côté tous les outils créés auparavant pour tenter collectivement de régler ces questions très complexes». Il a de surcroît critiqué la méthode américaine de distribution de «carottes économiques».
Selon le chef du Kremlin, le conflit ne peut pas être résolu sans aborder le politique. La résolution du conflit israélo-palestinien doit passer par «la création de deux États, comme cela avait été initialement envisagé lorsque l'ONU a décidé de créer deux États sur ce territoire – un État palestinien et un État juif», a-t-il insisté.
Concernant le poids de la médiation russe dans ce conflit, Vladimir Poutine a déclaré : «Nous essayons (...) d'influencer autant que possible» en vue d'un règlement du conflit, «y compris sur l'aspect humanitaire».
Dès le 16 octobre 2023, la Russie avait proposé une résolution au Conseil de sécurité de l'ONU pour un «cessez-le-feu humanitaire immédiat, durable et pleinement respecté» et l'acheminement de l'aide humanitaire. La proposition avait été rejetée en raison du veto américain et britannique, la France s'étant abstenue.
Moscou a reçu une délégation du Hamas
Ayant dénoncé l'attaque contre l'État hébreu du 7 octobre mais aussi les représailles de Tsahal dans la bande de Gaza, la Russie entend parler avec tous les acteurs du conflit. Moscou s'entretient aussi bien avec l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas qu'avec les dirigeants de la branche politique du Hamas. Fin octobre 2023, une délégation du mouvement islamique palestinien avait effectué un déplacement dans la capitale russe pour évoquer notamment la libération des otages de nationalité russe et pour permettre aux ressortissants russes de quitter Gaza. En février dernier, l'administration russe avait notamment réuni les différents partis palestiniens pour tenter de résoudre les contentieux inter-palestiniens.
Bien qu'opposée sur de nombreux dossiers, notamment la question iranienne, le dossier syrien ou les relations avec le Hamas ou le Hezbollah, la Russie entretient des relations avec l'État hébreu. Vladimir Poutine et Benjamin Netanyahou s'étaient longuement entretenus au téléphone en décembre dernier.