Avec 28 voix contre 15 et deux abstentions, la chambre haute du Parlement suisse a rejeté le 3 juin un programme d'aide de 5 milliards de francs suisses (5,58 milliards de dollars) destiné à financer les travaux de reconstruction en Ukraine.
L’ensemble du texte portait sur une allocation de fonds de 15 milliards, dont 10 devaient être alloués à l’armée suisse et le reste à l'Ukraine.
C’est la droite suisse qui a fait barrage au texte défendu par la centriste Marianne Binder avec le soutien des socialistes. Les élus du parti patriote UDC et les libéraux du Parti libéral-démocrate ainsi que certains partis de gauche se sont ainsi opposés au texte.
Le média suisse 24 heures rapporte que la présidente de la Confédération et ministre de la Défense Viola Amherd a invoqué «la situation budgétaire difficile» de la Suisse.
«Le montant de la contribution peut être contrôlé, c'est pourquoi cette dépense ne peut pas être reconnue comme extraordinaire», a par ailleurs estimé le gouvernement.
De son côté, l’élu du Mouvement citoyen genevois Mauro Poggia a dénoncé le texte : «C’est le mariage de la carpe et du lapin.» Et de s’interroger : «Quelle urgence il y a à reconstruire l’Ukraine maintenant alors que la guerre sévit toujours ?»
La Suisse a rompu avec sa neutralité historique
Ce refus du législateur suisse s’inscrit dans une période d’intenses tractations sur le rôle du pays dans le conflit en Ukraine, alors que le gouvernement helvète organise une «conférence de paix» les 15 et 16 juin au Bürgenstock Resort, près de Lucerne. Un événement auquel la Russie n'a pas été invitée et qui a vu des désistements de la part de l'Arabie saoudite, de la Chine et de l'Inde.
Maintenant son refus de fournir une aide militaire à l'Ukraine du fait de sa neutralité, Berne a néanmoins fourni un financement économique et humanitaire d'une valeur de plus de 3 milliards de dollars depuis le début du conflit ukrainien en 2022, selon les données du gouvernement suisse.
En avril, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a affirmé que la Suisse n’était plus un pays neutre et qu’elle était «passée de neutre à ouvertement hostile».