«Nous ne devons exclure aucune possibilité», a déclaré le ministre polonais des Affaires étrangères Radoslaw Sikorski, dans une interview à Gazeta Wyborcza publiée ce 28 mai. Le chef de la diplomatie polonaise était alors interrogé sur un éventuel envoi de troupes polonaises en Ukraine. «Laissons Poutine deviner ce que nous ferons», a-t-il ajouté.
Des propos qui rappellent ceux d’Emmanuel Macron, qui, au nom de l’ambigüité stratégique, répète depuis fin février 2024 ne «rien exclure» quant à l’envoi de troupes françaises en Ukraine. Une position que le président français a réitérée le 11 mai, dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, estimant que les Européens devaient être «prêts à dissuader» les Russes s’«ils vont trop loin».
Si, en février, ces propos d’Emmanuel Macron avaient provoqué un tollé au sein des partenaires occidentaux de l’Ukraine, Sikorski les avait salués. «J’apprécie l'initiative du président français Emmanuel Macron, car il s'agit de faire en sorte que Poutine ait peur, et non que nous ayons peur de Poutine», avait déclaré début mars le ministre polonais selon des propos relayés sur X (ex-Twitter) par son ministère, tout en estimant que «la présence de forces de l'OTAN en Ukraine n'est pas impensable».
«Nous ne montrerons pas nos cartes. Nous laisserons le président Poutine se demander ce que nous allons faire» a-t-il déclaré, début mai, là encore interrogé par la BBC World sur les propos de Macron lors d’une visite aux États-Unis, selon des propos rapportés par le site d’actualité polonais RMF24.
Face aux déclarations du chef de l’État français, la diplomatie russe avait prévenu que des troupes françaises en Ukraine deviendraient des «cibles légitimes» pour les forces russes, dénonçant de surcroît la rhétorique «de plus en plus belliqueuse» de Paris.
Sikorski futur commissaire européen de la Défense ?
Farouche militant de l’intégration de la Pologne dans l’Otan à ses débuts en politique, et marié à la journaliste américaine Anne Applebaum, elle-même particulièrement critique de la politique de Moscou, cet ancien ministre polonais de la Défense est réputé pour ses prises de position résolument hostiles à la Russie.
«Toujours déclarer quelle est notre propre ligne rouge ne fait qu’inviter Moscou à adapter ses actions hostiles aux limites que nous nous imposons en constante évolution», déclarait Radoslaw Sikorski dans une interview à The Guardian, publiée le 25 mai, ajoutant que Washington aurait menacé Moscou de détruire l’ensemble de ses forces en Ukraine si elle venait à recourir à une arme nucléaire.
Selon le site Euractiv, il serait «l’un des favoris» pour devenir le prochain commissaire polonais à Bruxelles. En cas de victoire d’Ursula von der Leyen, celle-ci a déclaré vouloir créer un poste de Commissaire à la Défense, pour lequel le nom de Sikorski, qui souhaiterait l’avoir, a rapidement circulé dans les médias polonais.