«Je salue l'initiative de la France d'envoyer des instructeurs en Ukraine pour former les militaires ukrainiens», a déclaré ce 27 mai sur Telegram le général Oleksandre Syrsky, commandant en chef de l’armée ukrainienne.
«J'ai déjà signé les documents qui permettront aux premiers instructeurs français de se rendre prochainement dans nos centres de formation et de se familiariser avec les infrastructures et leur personnel», a-t-il précisé.
Le ministère français de la Défense s'est borné à déclarer à l’AFP que le dossier était à l'étude, sans confirmer l'envoi d'instructeurs : «Comme déjà évoqué plusieurs fois, la formation sur le sol ukrainien fait partie des chantiers discutés depuis la conférence sur le soutien à l’Ukraine réunie par le Président de la République (Emmanuel Macron) le 26 février dernier», s’est borné à dire le ministère français des Armées à l’AFP. «Cette piste continue de faire l’objet de travaux avec les Ukrainiens», a-t-il ajouté.
Kiev a demandé à Washington de former ses soldats près du front
Le 16 mai, le New York Times révélait que l’Ukraine avait demandé aux États-Unis et aux pays de l'OTAN de l’aider à former 150 000 nouvelles recrues plus près de la ligne de front, et non dans des centres en Occident, pour un déploiement plus rapide. Une mobilisation jugée «inévitable» par le chef d’état-major des armées des États-Unis, Charles Quinton Brown Jr, selon la même source.
S'il juge une telle opération risquée pour l'heure, celui-ci a toutefois déclaré : «Nous y parviendrons, au final, avec le temps». «Toute attaque contre les instructeurs forcerait les États-Unis à honorer leurs obligations envers l’OTAN, les entraînant ainsi dans la guerre», a précisé le quotidien new-yorkais.
Rien ne va plus entre Paris et Moscou
Les propos du général Syrsky s'inscrivent bien sûr aussi dans un contexte d’exacerbation des tensions entre la France et la Russie, cette dernière dénonçant l'implication croissante de Paris en Ukraine depuis l’annonce mi-janvier de la livraison à Kiev de missiles de croisière Scalp supplémentaires. Le refus d’Emmanuel Macron au nom d’une «ambiguïté stratégique» d’exclure un envoi de troupes occidentales en Ukraine, plusieurs fois répété depuis le 26 février, n’a rien arrangé. Le 2 mai dans The Economist, le président français a de nouveau réitéré cette possibilité, notamment si Kiev en faisait la demande.
La diplomatie russe a prévenu que des troupes françaises en Ukraine deviendraient des «cibles légitimes» pour les forces russes, dénonçant de surcroît la rhétorique «de plus en plus belliqueuse» de Paris.
Le 21 mai, l'armée russe a annoncé avoir débuté ses tests d'utilisation d'armes nucléaires non stratégiques. Ces exercices intervenaient «en réponse aux déclarations provocatrices et aux menaces de responsables occidentaux contre la Fédération de Russie», ajoutait l'armée russe.
Le Kremlin avait indiqué au début du mois que ces manœuvres étaient liées aux déclarations d'Emmanuel Macron sur un envoi éventuel de troupes occidentales en Ukraine, et à celles du ministre britannique des Affaires étrangères David Cameron affirmant le droit des forces ukrainiennes de mener des frappes sur le sol russe avec des armes britanniques.