Les Ukrainiens ont demandé à l’administration Biden de fournir davantage de renseignements sur les positions des forces russes en Russie ainsi que sur des cibles militaires dans le pays, ont rapporté le 17 mai le New York Times (NYT) ainsi que le Wall Street Journal (WSJ). Les Ukrainiens auraient également demandé le feu vert des États-Unis pour effectuer des frappes en Russie avec les armes qu’ils leur ont livrées.
«Ils ont demandé de l’aide pour frapper la Russie», a déclaré le général Charles Quinton Brown Jr, chef d’État-major des armées des États-Unis, cité par les deux médias. Propos tenus par l’officier le plus haut gradé des États-Unis lors d’un voyage en Europe. Selon cette même source, cette demande d’aide ukrainienne n’était «pas spécifique à un système d’armes».
Demande qui survient alors que les forces de Kiev subissent des revers sur le front. Ce 18 mai, la Défense russe a annoncé la libération d’un village aux abords de Vovtchansk, dans la région de Kharkov, portant à quinze le nombre de localités prises en une semaine.
Des armes et des renseignements occidentaux déjà exploités par Kiev pour frapper la Russie
Concernant la levée de l’interdiction de frapper en Russie, le NYT confie qu’un groupe de députés ukrainiens aurait fait le déplacement à Washington afin de plaider leur cause auprès de membres du Congrès. La position de l'administration américaine demeurerait toutefois «inchangée», tant sur les armes que sur les renseignements, selon le New York Times. Le tout afin d’éviter toute escalade, rappelle le média.
«La dernière demande a été formulée ces derniers jours, ont indiqué des responsables, et les dirigeants de l'administration ont commencé à l'examiner. Des appels similaires ont été rejetés dans le passé», relate le quotidien new-yorkais. Pour autant, comme le rappellent les deux médias américains, les Ukrainiens ont déjà accès à un large éventail de données fournies par les services occidentaux, telles que des données satellitaires. Des images, de satellites commerciaux, qui «aident les Ukrainiens à localiser les défenses aériennes mobiles russes».
Par ailleurs, le territoire russe, au regard notamment des États-Unis, ne concerne pas les régions du Donbass ni celle de Zaporojié et de Kherson, même chose concernant la Crimée. Des territoires que les Ukrainiens bombardent déjà avec les armes occidentales, notamment américaines. Lors de sa visite à Kiev, le secrétaire d’État américain Anthony Blinken a lui-même laissé entendre que l’Ukraine pourrait étendre ses frappes.
La diplomatie américaine maintient, pour l'heure, sa position
«Nous n’avons pas encouragé ou favorisé les frappes hors d’Ukraine, mais en fin de compte, c’est à l’Ukraine de prendre ses décisions sur la manière dont elle mène cette guerre», a-t-il déclaré le 15 mai. «Nous n’encourageons ni ne permettons les frappes sur le territoire russe», avait toutefois nuancé, le lendemain, le porte-parole de la diplomatie américaine Vedant Patel.
Le 2 mai, également depuis Kiev, le chef de la diplomatie britannique David Cameron avait déclaré son soutien à des frappes ukrainiennes en Russie. «L'Ukraine a ce droit», avait affirmé ce fervent soutien de Kiev, lors d’une interview accordée à l’agence Reuters. Une déclaration qui tranchait avec la position jusque-là adoptée par les chancelleries occidentales dans la crainte d’une escalade du conflit. En réaction, le Kremlin avait fustigé une «escalade verbale» en Occident et l’ambassadeur britannique avait été convoqué.
Celui-ci avait été averti, par la diplomatie russe, que la réponse à des frappes ukrainiennes utilisant des armes britanniques en Russie pourrait viser «n'importe quelle installation et équipement militaire britannique sur le territoire ukrainien et au-delà».