«La situation est évidemment extrêmement désastreuse», a déclaré le 16 mai aux journalistes le porte-parole du département d’État, Vedant Patel, interrogé dans le cadre de la visite surprise à Kiev du chef de la diplomatie américaine Antony Blinken. «Nous savons que nous traversons une période difficile, mais nous sommes convaincus que l’aide militaire fera également une réelle différence sur le champ de bataille», a assuré le diplomate auprès des journalistes.
Celui-ci a évoqué l’aide militaire supplémentaire de 2 milliards de dollars annoncée le 15 mai par Antony Blinken lors d’une conférence de presse avec son homologue ukrainien, Dmytro Kouleba. Une aide qui vient s’ajouter aux 400 millions de dollars que la Maison Blanche avait déjà annoncé le 10 mai, alors que Volodymyr Zelensky déclarait que la Russie avait lancé une offensive dans la région de Kharkov où une «bataille féroce» était en cours.
Des déclarations de Vedant Patel dans la droite ligne de celles d'Antony Blinken, qui avait lui-même affirmé devant le président ukrainien que l’aide militaire américaine «ferait une réelle différence» face à l’offensive russe.
À Kiev, Blinken vante l’aide militaire américaine… et l’enrôlement des Ukrainiens
Le diplomate américain a également adressé, devant les étudiants de l'Institut polytechnique de Kiev, une ode à la mobilisation : une «décision difficile, mais nécessaire». «Les défenseurs qui tiennent le coup avec énormément de courage depuis plus de deux ans ont besoin d’aide. Ils ont besoin de repos. La mobilisation répondra à leurs attentes sur ces deux points, tout en fournissant à votre armée des troupes supplémentaires pour repousser des forces d’invasion plus nombreuses», a notamment déclaré Antony Blinken.
Le 27 avril, le New York Times rapportait que Kiev avait subi des pressions de l'administration Biden afin d’intensifier les efforts de mobilisation. Le tout afin de convaincre les législateurs américains de voter en faveur de l’enveloppe de 61 milliards de dollars d’aide militaire destinée à l’Ukraine, qui était bloquée au Congrès. Deux semaines avant ses révélations, le Parlement ukrainien adoptait un projet de loi controversé élargissant la mobilisation dans le pays.
Selon Blinken, les Ukrainiens rejoignant l’armée «n’ont jamais demandé aux autres de se battre pour eux», assurant que «tout ce que vous les Ukrainiens avez jamais demandé, c’est de recevoir ce dont vous avez besoin pour vous défendre et défendre votre droit à la survie en tant que nation». Le même jour, le chef du renseignement militaire, Kirill Boudanov, avait alerté sur l’absence de réserves, estimant que l’offensive russe visait à épuiser celles-ci.
Quant à l'armée russe, qui a annoncé au cours de la semaine écoulé la reprise de plusieurs localités dans la région de Kharkov, celle-ci a déclaré le 14 mai avoir «avancé en profondeur dans les défenses» ukrainiennes. Ces dernières essuient des revers successifs depuis la libération de la ville forteresse d’Avdeïevka, près de Donetsk, à la mi-février. Interrogé le 16 mai par un journaliste américain sur la situation sur le front, lors d’une visite à l’hôpital de Kharkov, Volodymyr Zelensky a estimé que «le monde» était responsable.