En visite surprise de deux jours à Kiev les 14 et 15 mai, Antony Blinken n’a eu de cesse d'afficher le soutien des États-Unis à l'Ukraine... comme si Washintgon avait quelque chose à se faire pardonner ?
C’est dans un bar de Kiev que le chef de la diplomatie américaine a terminé la journée du 14 mai, en jouant de la guitare et en fredonnant Rockin' in The Free World de Neil Young dans un bar en sous-sol du centre-ville.
Mais le petit concert n’a visiblement pas eu l’effet espéré. «Un seul mot suffit pour décrire la soirée du secrétaire d'État américain Antony Blinken hier à Kiev : inappropriée», a lancé sur Facebook Svitlana Matvienko, directrice d'une ONG d'analyse de la politique, citée par l'AFP.
Les dirigeants américains accusés de manquer d'«empathie»
Comme beaucoup, elle s'est dit «vexée» par cette performance alors que la région de Kharkov, dans le nord-est du pays, se fait selon elle «raser» par une offensive russe depuis une semaine. Elle a dénoncé «un manque total de compréhension de la situation» et d'«empathie» de la part des dirigeants américains.
«Je sais que c'est une période très, très difficile. Vos soldats, vos citoyens, en particulier dans le nord-est, à Kharkiv, souffrent énormément. Mais ils doivent savoir, vous devez savoir, que les États-Unis sont avec vous», a affirmé Antony Blinken avant de battre la mesure.
Washington se voit reprocher la lenteur de son aide militaire
«Le message n'est pas compliqué mais il ne passe pas», a aussi estimé Bogdan Iaremenko, un député du parti présidentiel et ex-diplomate, cité lui aussi par l'AFP. Le contexte est malgré tout mal choisi après des mois de retards de l'aide militaire américaine à l'Ukraine. Washington se voit reprocher d'avoir affaibli les forces ukrainiennes sur le champ bataille.
«Une visite modèle de l'échec en communication», résume sur Facebook Serguiï Sydorenko, rédacteur de l'influent site d'information Evropeïska Pravda (Vérité européenne).
Blinken soutient la levée en masse et ferme les yeux sur les frappes en Russie
Plus tôt dans la journée, le chef de la diplomatie américaine avait déclaré en conférence de presse que les troupes ukrainiennes manquaient de soldats et que la mobilisation à grande échelle imposée par le président Zelensky était donc nécessaire pour le pays.
«Nous n'avons pas encouragé ou favorisé les frappes hors d'Ukraine, mais au final c'est à l'Ukraine de prendre ses décisions sur la manière dont elle mène cette guerre», a-t-il déclaré à Kiev ce 15 mai. Les États-Unis ont livré en février dernier, secrètement, des missiles longue portée ATACMS, d'une portée de 300 kilomètres, à Kiev. Plusieurs dizaines ont déjà été tirés, notamment contre la péninsule de Crimée.
Moscou a mis en garde les Occidentaux contre toute attaque sur son territoire à l'aide d'armes occidentales.