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Transferts territoriaux : Pachinian se félicite de la signature d’un protocole entre Bakou et Erevan

L'Arménie a annoncé s'être entendue avec l’Azerbaïdjan sur une partie de la délimitation de la frontière commune, actant le transfert sous l’autorité de Bakou de plusieurs villages. Si Pachinian se félicite d’un accord rapprochant Erevan et Bakou d’une normalisation de leurs relations, une partie de la rue arménienne appelle à sa démission.

Le Premier ministre arménien s’est félicité ce 16 mai de la signature d’un protocole entre Erevan et Bakou concernant la délimitation de leur frontière commune, saluant «un jalon très important» dans le «renforcement de la souveraineté et de l'indépendance de l'Arménie». «Pour la première fois depuis l'indépendance, notre république a une frontière officiellement délimitée», a déclaré Nikol Pachinian, lors d’une réunion gouvernementale. «Cela porte notre sécurité et notre stabilité à un niveau plus haut», a-t-il ajouté.

La veille, le ministère arménien des Affaires étrangères avait annoncé la signature d’un protocole, à l’issue d’une neuvième réunion des commissions des deux pays chargées de délimiter leur frontière commune dans la région du Tavouch. Celle-ci passera entre les localités de Baghanis (Arménie) - Baghanis Ayroum (Azerbaïdjan), Voskepar (Arménie) - Ashaghi Askipara (Azerbaïdjan), Kirants (Arménie) - Kheyrimli (Azerbaïdjan) et Berkaber (Arménie) - Gizilhajili (Azerbaïdjan), selon des cartes de 1976 de l'état-major soviétique, précise le communiqué.

Des gardes-frontières en poste d'ici «huit à neuf» jours, assure Erevan

Les localités, ainsi listées côté azerbaïdjanais, sont des villages conquis par l'Arménie au début des années 1990 et dont la rétrocession à l'Azerbaïdjan a été annoncée fin avril, à l'issue d'une précédente réunion bilatérale. Le nouveau tracé frontalier avait été présenté comme «inspiré» des accords d’Alma-Ata de 1991. Dans la foulée, les deux pays du Caucase avaient annoncé avoir entériné la délimitation de leur frontière commune.

Selon le bureau de Nikol Pachinian, des gardes-frontières arméniens et azerbaïdjanais devraient être stationnés, dans ces sections convenues, «dans les huit à neuf prochains jours». Le 8 mai à Moscou, le Premier ministre arménien et le président russe s'étaient entendu sur le retrait des gardes-frontières et de l'armée russe de plusieurs régions arméniennes, dont celle du Tavouch.

Concessions territoriales : Pachinian brandit la menace d’une guerre régionale, ses opposants exigent sa démission

L'annonce du transfert sous l'autorité de Bakou de ces quatre villages avait provoqué la colère de l’opposition arménienne ainsi que celle des habitants des zones frontalières de l’Azerbaïdjan qui reprochent à Nikol Pachinian de «céder» des territoires. De son côté, le Premier ministre arménien, en quête d’une normalisation des relations avec l’Azerbaïdjan voisin après plusieurs décennies de tensions et de conflits, soutient que ces villages ne font pas partie du «territoire souverain et internationalement reconnu» de son pays.

Dès la mi-mars, le chef du gouvernement s’était rendu à Voskepar, où il avait affirmé que ces quatre villages «auparavant azerbaïdjanais» devraient être cédés. Sinon, «une guerre commencera», avait-il ajouté. Un conflit qui impliquerait la Turquie, avait déclaré le Premier ministre arménien devant les villageois, d’après Golos Armenii.

Depuis l’annonce de cette rétrocession, des mouvements de protestation ont émergé à travers le pays, exigeant l’arrêt du processus de démarcation et accusant Nikol Pachinian. Depuis une dizaine de jours, la protestation a atteint la capitale, Erevan, après l’arrivée d’une procession partie d’un village du Tavouch. Emmenés par l'archevêque, Mgr. Bagrat Galstanian, les manifestants exigent la démission du Premier ministre. Plusieurs centaines d'interpellations ont eu lieu au cours des différents rassemblements.

Déjà, en septembre 2023, celui-ci avait été vivement contesté par la rue, ses opposants l’accusant d’abandonner les Arméniens après la victoire éclair des forces azerbaïdjanaise contre celles du Haut-Karabagh. Même chose lorsque le Premier miinistre avait signé un accord de cessez-le-feu, à l’automne 2020, consacrant les reconquêtes militaires de l'Azerbaïdjan.