Les forces de l’ordre ont procédé ce 13 mai à Erevan à 151 interpellations. Selon elles, aucune rue d'Erevan n'est actuellement bloquée, en dépit des tentatives des manifestants.
Les autorités arméniennes, en quête d'un accord de paix pour apaiser enfin des décennies de différends territoriaux et de conflits armés avec l’Azerbaïdjan voisin, ont approuvé la restitution de villages frontaliers saisis par leur armée dans les années 1990. Une décision qui ne passe pas.
Plusieurs dizaines de milliers de personnes avaient déjà manifesté le 9 mai. Emmenés par Mgr Bagrat Galstanian, archevêque du diocèse de Tavouch venu en procession depuis cette région frontalière, ils exigent la démission du Premier ministre arménien Nikol Pachinian, l’arrêt du processus de délimitation de la frontière entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan et celui du transfert des territoires frontaliers sous l’autorité de Bakou.
Le 10 mai, Bagrat Galstanian avait prévenu que des actions de désobéissance auraient lieu dans la capitale et à travers le pays.
Retour aux frontières de la chute de l'URSS
Courant avril, les deux pays du Caucase ont annoncé avoir entériné la délimitation de leur frontière commune. La partie arménienne avait assuré que ces «travaux de délimitation» de la frontière excluaient «le transfert de toute partie du territoire souverain de l'Arménie».
Il est prévu que la frontière soit alignée sur celle qui existait entre ces ex-républiques soviétiques au moment de l'effondrement de l'URSS. Le président azerbaïdjanais Ilham Aliev avait, pour sa part, déclaré que les deux pays étaient «plus proches que jamais» de parvenir à un accord de paix. Rapidement, des mouvements de protestations ont éclaté en Arménie, dans les régions frontalières de l’Azerbaïdjan, afin d’exiger l’arrêt du processus.
La capitale arménienne avait déjà été le théâtre d’importantes manifestations antigouvernementales au lendemain de l’offensive éclair menée en septembre 2023 par l’Azerbaïdjan afin de reprendre le contrôle du Haut-Karabagh, une enclave sécessionniste vis-à-vis de Bakou, majoritairement peuplée d’Arméniens. Nikol Pachinian avait alors été accusé d'abandonner les Arméniens du Haut-Karabagh et d’avoir fait trop de concessions à Bakou.