Un faux espoir pour les Ukrainiens... Le 13 mai, quelques heures après une conférence de presse conjointe à Stockholm, l’engouement suscité par l’annonce que les premiers F-16 allaient faire leur apparition en Ukraine dans «le mois» à venir s’est évanouie.
«Correction : la Première ministre danoise avait l'intention d'annoncer le F-16 en Ukraine dans les mois (et non le mois), vient de préciser une source», a posté sur X (ex-Twitter) le correspondant du journal allemand Die Zeit, Joerg Lau, présentant ses excuses.
«Des F-16 danois voleront dans le ciel ukrainien d'ici un mois», avait déclaré Mette Frederiksen, à en croire le message initial du correspondant allemand, depuis supprimé. Une annonce qui n’a pas manqué de faire le tour des médias ukrainiens, alors que l’armée russe engrange des gains territoriaux dans les régions du Donbass et de Kharkov.
Les Ukrainiens «se battent en ce moment et cela ne va pas dans la bonne direction», selon Frederiksen
«La principale raison des pertes du côté ukrainien est le manque de défense aérienne», a estimé Mette Frederiksen, enjoignant les pays occidentaux à fournir à Kiev davantage de moyens antiaériens. Les Ukrainiens «se battent en ce moment et cela ne va pas dans la bonne direction», a-t-elle également déclaré.
Le Danemark avait, aux côtés des Pays-Bas, de la Norvège et de la Belgique, promis à Kiev plusieurs dizaines de F-16 suite à l’accord de la Maison Blanche pour de telles réexportations vers l’Ukraine. Un feu vert qui avait été octroyé par Joe Biden à la mi-mai 2023. La formation d’une coalition de 11 pays, notamment afin de former des pilotes et mécaniciens ukrainiens sur ces appareils occidentaux, avait été annoncée quelques semaines plus tard lors d’un sommet de l’OTAN à Vilnius. À l’époque, le Danemark avait été présenté –avec les Pays-Bas – comme pays leader pour pousser à la fourniture de F-16 à l’Ukraine et à la formation des pilotes.
Près d’un an après ces annonces, ces chasseurs longuement réclamés par Volodymyr Zelensky et présentés par les médias ukrainiens comme un potentiel «game changer» face à l’armée russe ne seraient donc pas près de voler en Ukraine.
Bruxelles pourrait fournir de premiers F-16 «si possible avant la fin de l’année», avait déclaré fin avril la ministre belge de la Défense, aux côtés du Premier ministre Alexander De Croo, sans confirmer le nombre d’appareils qui pourraient faire partie du premier envoi. Quelques jours plus tôt, le chef du gouvernement belge avait pour sa part estimé «possible» l’envoi d’un premier lot d’avions et de pilotes «avant l’été».
Kiev et l’OTAN pointent du doigt les retards européens
Si matériellement, des F-16 ont été acheminés dès l’automne en Roumanie afin de former les pilotes ukrainiens, ces derniers seraient loin d’être prêts. «Les dix pilotes ukrainiens en formation en Europe sont loin d’être aguerris», rapportait Le Monde fin avril, citant une source militaire. «S’ils veulent faire voler des F-16 dès cet été, les Ukrainiens devront s’appuyer sur leurs pilotes formés aux États-Unis», poursuivait le quotidien français, précisant que les formations outre-Atlantique avaient débuté plus tôt et avec des pilotes «plus aguerris». «Mais les militaires s’accordent à dire qu’il ne faut pas en attendre des miracles», prévenait encore le média.
En matière d’assistance militaire, les Ukrainiens dénoncent régulièrement le décalage entre les promesses des responsables européens et la réalité. «Sur un million d'obus que l'Union européenne nous a promis, ce n'est pas 50% mais malheureusement 30% qui ont été livrés», se plaignait fin février Volodymyr Zelensky.
«En Europe, la livraison de munitions est bien inférieure aux niveaux que nous avions promis de fournir», avait concédé, fin avril, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg. «Ces retards ont des conséquences», avait-il poursuivi, assurant que l’Ukraine avait été dépassée en armement, «ce qui a permis à la Russie d’avancer en première ligne». En deux ans de conflit, les Européens ont fourni à l’Ukraine 52,3 milliards d’assistance militaire, d’après les chiffres du Think tank allemand Kiel Institute.
Les multiples annonces occidentales de fournitures d’armes à Kiev sont dénoncées par les Russes comme entretenant le conflit en Ukraine, sans pour autant avoir d’impact sur son issue. «Les chars brûlent. Il en ira de même pour les F-16», avait promis depuis Saint-Pétersbourg, en juin 2023, Vladimir Poutine.