Des dizaines de milliers de manifestants partisans du rapprochement entre la Géorgie et l’UE ont protesté dans la nuit du 12 au 13 mai devant le Parlement à Tbilissi. Si la grande majorité s’est dispersée, ils étaient encore un millier à poursuivre la protestation à l’aube. Une dizaine d'entre eux ont été arrêtés par la police.
Le projet de loi, approuvé en deuxième lecture le 1er mai dernier, doit être examiné par les députés en troisième et dernière lecture demain 14 mai. Le parti au pouvoir, Rêve géorgien, entend faire passer ce texte avant le 15 mai. La présidente Salomé Zourabichvili, en conflit avec ce parti, a annoncé vouloir y opposer son veto, qui devrait toutefois être écarté par la majorité.
Menés majoritairement par de jeunes Géorgiens brandissant des drapeaux de l’UE et de leur pays, les opposants voient la main de la Russie derrière le texte. « Nous envisageons de rester ici aussi longtemps qu'il le faudra », a déclaré à l'AFP Mariam Kalandadzé, 22 ans. « Cette loi veut dire qu'on ne pourra pas rejoindre l'Europe (...), et c'est ce que j'ai toujours voulu toute ma vie », assure-t-elle.
La loi sur les agents de l'étranger vise à obliger les médias et les ONG recevant plus de 20% de leur financement de l’étranger à s’enregistrer comme étant sous influence étrangère. Von der Leyen appelle Tbilissi à «garder le cap» vers l'UE. Les critiques du projet de loi l'ont qualifié de «loi russe», affirmant qu'il s'inspire de la législation adoptée par Moscou en 2012.
Rêve géorgien insiste pour sa part sur le fait qu'il s'est inspiré de la loi américaine sur l'enregistrement des agents étrangers de 1938, dans une version bien moins stricte. Les opposants au texte ont reçu le soutien de Bruxelles, où ce texte est jugé contraire aux aspirations d’adhésion de Tbilissi au bloc européen.
Le 1er mai, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a indiqué suivre avec «une vive inquiétude» les manifestations, condamnant «la violence» des forces de l'ordre et appelant Tbilissi à «garder le cap» vers l'UE. Pourtant, Bruxelles envisageait de faire passer un texte analogue dans l'Union européenne pour lutter entre autres contre l'influence russe supposée. Selon des hauts fonctionnaires européens cités par Politico en mars 2023, le «timing est gênant», en raison des contestations en Géorgie contre ce texte.
La Géorgie a déposé une candidature pour entrer dans l'UE en 2022 mais n'a pas obtenu le statut de candidat comme l'Ukraine, car Bruxelles demande des réformes en échange.