Les forces ukrainiennes pourraient bientôt être dotées de leurs premiers chasseurs occidentaux. Le porte-parole de l’armée de l’air ukrainienne, Ilya Evlach, a déclaré ce 1er mai à Oukrainskaya Pravda que le premier lot de F-16 pourrait être livré «après Pâques», célébré cette année le 5 mai par les orthodoxes, promettant que les Ukrainiens seraient informés «que nous disposons de ces chasseurs polyvalents».
Un peu plus tôt, le porte-parole avait précisé à la télévision nationale que cette livraison ne dépendait pas du bon vouloir de Kiev. «Nous ne devinons pas l’avenir, car la date a été modifiée à plusieurs reprises, c'est pourquoi nous attendons. Notre tâche est de travailler avec ce qui nous est fourni», avait-il déclaré sur la chaine Live. La veille, Ilya Evlach avait déclaré que les F-16 défectueux que les alliés occidentaux pourraient livrer s’avèreraient toujours «extrêmement nécessaires» en guise de réserves de pièces détachées.
Présentée comme un autre «Game changer» pour Kiev face à l’armée russe, l’arrivée des chasseurs F-16 promis par plusieurs pays européens est devenue la marotte des médias ukrainiens. Plus tôt cette semaine, toujours à la télévision, Ilya Evlach avait déclaré que des préparatifs étaient nécessaires afin de protéger les appareils américains une fois qu’ils seraient en Ukraine. «Cela implique des coûts colossaux, notamment des abris souterrains et des bunkers», a-t-il souligné.
De premiers chasseurs «si possible» avant fin 2024, annonce Bruxelles
Des déclarations plus optimistes que celles des responsables européens. Le 26 avril, la ministre belge de la Défense annonçait que son pays fournirait de premiers F-16 «si possible avant la fin de l’année». Aux côtés du Premier ministre Alexander De Croo, elle n’a pas confirmé le nombre d’appareils qui pourraient faire partie de ce premier envoi. «Des chiffres allant de 2 à 4 circulent, mais ils n’ont pas été confirmés», a précisé 7sur7.
Quelques jours plus tôt, le 18 avril, en marge d’un conseil européen, Alexander De Croo avait annoncé que «la livraison des premiers appareils avec des pilotes formés devrait intervenir avant l’été». Son pays, les Pays-Bas, le Danemark et la Norvège ont promis ensemble plus d’une soixantaine de F-16 aux forces ukrainiennes.
Au-delà de la livraison des appareils, Le Monde s’interrogeait dans un article paru le 24 avril sur l’avancement de la formation des pilotes ukrainiens. La France, qui ne dispose pas des F-16 réclamés par Kiev avec insistance, a promis de contribuer à la formation des pilotes ukrainiens. «Pour le moment, seuls dix Ukrainiens sont en formation sur le sol du Vieux Continent», relatait le quotidien français, stipulant que «quatre d’entre eux sont arrivés en France début mars pour une phase dite de "chasse avancée "», après «six mois passés au Royaume-Uni» à apprendre les rudiments de l’aviation de combat dans la langue de Shakespeare.
L'Ukraine confrontée à une pénurie de pilotes
Des pilotes, précise Le Monde, dont la moyenne d’âge, «se situe entre 21 et 23 ans», six d’entre eux «ne s’étaient jamais assis dans un avion de combat» avant leur arrivée au Royaume-Uni. «Cette jeunesse et cette inexpérience s’expliquent par la pénurie de pilotes en Ukraine, nombre d’entre eux ayant été tués ou blessés depuis le début du conflit», a poursuivi le quotidien français, citant les chiffres du site Oryx faisant état de près d’une centaine d’avions ukrainiens détruits ou endommagés par les forces russes depuis février 2022.
D’autres sessions d’entraînement ont néanmoins débuté plus tôt et avec des pilotes plus chevronnés aux États-Unis, relativise Le Monde… tout en citant des officiers américains prévenant de ne pas s’attendre à des miracles.
Du côté de Moscou, le président russe avait déclaré en juin 2023 que ces avions de combat «brûleront», comme les chars d’assaut Leopard fournis par Berlin. Mi-juillet, le chef de la diplomatie russe avait averti que Moscou considérerait «comme une menace de l'Occident dans le domaine nucléaire» la présence de F-16 dans l'arsenal de Kiev, cet appareil étant habilité par les autorités américaines à transporter la bombe thermonucléaire B61-12.