Alors qu'Ismaël Haniyeh, le chef du bureau politique du Hamas, et Khaled Mechaal, haut dirigeant du parti islamiste palestinien, étaient en déplacement à Istanbul le 20 avril pour rencontrer le chef d'État turc Recep Tayyip Erdogan, un article du Wall Street Journal (WSJ) évoquait la possibilité d'un déplacement du quartier général du Hamas, qui se trouve depuis 2012 au Qatar.
En effet, le quotidien américain, citant «des responsables politiques arabes», a indiqué que le Hamas avait interrogé «au moins» deux pays pour un déménagement. En toile de fond, l'échec des négociations pour parvenir à une trêve à Gaza, avec dans la balance la libération des otages. Doha, sous pression des législateurs américains, selon le WSJ, pourrait «réévaluer» sa position à l'égard du mouvement palestinien pour parvenir à une trêve.
«Les médiateurs du Qatar et de l’Égypte ont fait pression sur les représentants du Hamas pour que le groupe assouplisse ses conditions», écrit ainsi le WSJ, rapportant des menaces d'expulsion visant les dirigeants du Hamas s'ils n'acceptaient pas un accord de libération des otages. Le Wall Street Journal précise que le Hamas a démenti un tel départ depuis la publication de l'enquête.
La situation du mouvement palestinien dans l'enclave gazaouie est aussi délicate, la probabilité d'une opération terrestre israélienne dans le sud de Gaza, à Rafah, faisant peser une menace supplémentaire. Du côté d'Israël, on revendique avoir vaincu le Hamas : lors d'une conférence de presse à Sderot le 10 avril, Benny Gantz, membre du cabinet de guerre israélien, déclarait ainsi : «D'un point de vue militaire, le Hamas est vaincu. Ses combattants sont éliminés ou se cachent.»
Des cadres du Hamas à l'abri des frappes israéliennes en Turquie ?
Pour accueillir les cadres du Hamas, les regards se tournent vers plusieurs pays, notamment la Turquie. En effet, plusieurs dirigeants du parti islamiste palestinien avaient une résidence en Turquie. D'ailleurs, lors de l'opération Déluge d'Al-Aqsa du Hamas le 7 octobre, Ismaël Haniyeh s'y trouvait. D'après des informations du média Al-Monitor, les autorités turques lui auraient alors fait comprendre qu'il fallait quitter le pays.
Reste qu'Ankara a pris soin depuis plusieurs années de s'éloigner de la mouvance des Frères musulmans pour se rapprocher des pays du Golfe et de l'Égypte. La Turquie pourrait ainsi être une option envisageable, car Israël ne pourrait pas procéder à des frappes sur les membres du parti, comme ce fut le cas le 2 janvier dernier dans la capitale libanaise. La Turquie est membre de l'OTAN et entretient encore des relations avec Israël, en dépit des vives critiques formulées par le président Erdogan à l'encontre de Benjamin Netanyahou depuis le 7 octobre. Outre la visite des deux dirigeants palestiniens à Istanbul le 20 avril, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan avait rencontré le chef du bureau politique du Hamas le 16 avril.
Autre option envisageable, toujours selon le WSJ : Oman. Le pays du sud du golfe Persique aurait été l'un des deux pays contactés par le Hamas pour installer ses bureaux. Connu pour sa neutralité dans les conflits régionaux, Mascate entretient aussi bien des relations avec les États-Unis qu'avec l'Iran. Cependant, malgré sa position pro-palestinienne, le sultanat avait accueilli en catimini Benjamin Netanyahou en 2018 et avait rouvert une représentation de l'État hébreu après sa fermeture dans les années 2000 suite à la première intifada.
Des bureaux du Hamas prochainement à Alger ?
L'Algérie avait également été évoquée comme alternative pour exfiltrer les cadres politiques et militaires du Hamas par Le Monde en décembre 2023 en raison de son positionnement pro-palestinien et de l'absence de relations diplomatiques avec l'État hébreu. Ce plan aurait été pensé par l'Arabie saoudite pour résoudre la crise de Gaza.
Le pays d'Afrique du Nord avait accueilli en 2022 toutes les représentations palestiniennes pour tenter de mettre fin aux querelles internes, notamment entre le Hamas et le Fatah de Mahmoud Abbas. De surcroît, l'Algérie a présenté en février dernier une résolution onusienne appelant à un cessez-le-feu immédiat dans l'enclave gazaouie.
Le Liban et l'Iran sont deux autres hypothèses suggérées par L'Orient-Le Jour. Ces deux possibilités pourraient permettre au Hamas de renforcer ses liens avec l'axe de la résistance piloté par Téhéran. Le Hamas dispose déjà de bureaux dans la capitale libanaise et a ses entrées en Iran. Mais une relocalisation dans l'un de ces territoires priverait le Hamas d'un canal de communication avec les États-Unis, tenu par Doha jusque-là, pour obtenir de potentielles concessions de la part des Israéliens, selon le quotidien libanais.