«Les traces des commanditaires ukrainiens sont aujourd’hui évidentes au-delà de tout doute raisonnable», a lancé ce 12 avril Vassili Nebenzia, lors d’une réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies. Mettant en avant les résultats de l’enquête préliminaire, le diplomate russe a déclaré qu’«à cette étape il n’y a plus aucun doute sur le fait que l’Ukraine est impliquée dans cet attentat».
«Des faits irréfutables ont été révélés lors de l’enquête, des faits qui témoignent de la trace ukrainienne dans cet attentat, des liens entre les terroristes et les renseignements ukrainiens», a insisté Nebenzia. Celui-ci est alors revenu sur les instructions qu’auraient reçues les terroristes : à savoir se rendre dans la région de Briansk frontalière de l’Ukraine, incendier leurs véhicules dans une forêt, et en informer leurs commanditaires qui devaient alors les faire passer du côté ukrainien de la frontière, a détaillé le diplomate.
«Le même modus operandi avait été appliqué lors des assassinats de Daria Douguina et de Vladen Tatarski», a-t-il déclaré, avant d’évoquer l’analyse faite par les enquêteurs des données des téléphones des terroristes. «Là aussi la trace des renseignements ukrainiens est évidente», a déclaré Nebenzia, avant d’évoquer des versements «notamment en cryptomonnaie, provenant d’Ukraine».
Des «incohérences» avec la piste islamiste
Autre élément souligné par l’ambassadeur russe à l’ONU, le fait que la piste de l’attentat islamiste ait été reprise par les médias occidentaux «comme la version officielle, la seule version crédible» à la suite de la revendication de l’EI. Nebenzia a alors mis en avant des «incohérences», à commencer par le fait que la revendication d’un attentat par un groupe terroriste ne fait pas foi d’authenticité, Daech s’étant par le passé attribué des attentats qu’il n'avait pas commis.
Le diplomate a également souligné l’absence de la «signature des mouvements islamistes» dans cet attentat. «Les groupes extrémistes islamistes, en général, commettent des attentats par conviction idéologique et non pour recevoir des sommes d’argent», soulignant que les terroristes du Crocus City Hall avaient «lâchement tenté de fuir». «Il ne faut pas être un expert pour bien comprendre que cela n’a rien à voir avec le modus operandi des extrémistes radicaux.»
Le 22 mars au soir, des hommes armés ont ouvert le feu dans la salle de concert du Crocus City Hall, située à Krasnogorsk en proche banlieue de Moscou, avant de mettre le feu à la salle. En tout, 144 personnes sont mortes et 551 autres ont été blessées, selon le dernier bilan du ministère russe des Situations d'urgence.
Après avoir arrêté les «exécutants», la Russie s’intéresse aux «commanditaires»
11 suspects ont été arrêtés dans cette affaire, dont quatre citoyens du Tadjikistan qui, selon la commission d'enquête, sont les auteurs directs de l'attaque terroriste. En outre, le 1er avril, quatre étrangers ont été arrêtés au Daghestan pour avoir participé au financement des criminels qui ont attaqué la salle du Crocus City Hall et leur avoir fourni des armes. Le 4 avril, trois autres ressortissants d'Asie centrale soupçonnés d'être impliqués dans l’attentat ont été arrêtés à Moscou, Ekaterinbourg et Omsk.
Le groupe État islamique au Khorassan (EI-K) a revendiqué l'attentat. Le 28 mars, le Comité d'enquête avait indiqué que les auteurs de l'attaque avaient reçu de l'argent venu d'Ukraine et le 5 avril, des photos pro-ukrainiennes ont été découvertes sur les téléphones des terroristes. Kiev, de son côté, nie toute implication.
Le secrétaire du Conseil de sécurité russe Nikolaï Patrouchev et le directeur du FSB Alexandre Bortnikov avaient affirmé dès le 26 mars que l’Ukraine pourrait être impliquée dans l’attaque. Ces affirmations vont dans le même sens que les propos tenus la veille par Vladimir Poutine, qui avait déclaré que l'attentat avait été commis par «des islamistes radicaux», tout en déclarant s’intéresser aux «commanditaires».