Le 31 mars, des milliers de Jordaniens se sont rassemblés dans la banlieue de Rabieh, où se trouve l'ambassade d'Israël. Outre les appels au cessez-le-feu dans la bande de Gaza, les manifestants exigeaient la rupture du traité de paix avec l'Etat hébreu datant de 1994. Les deux pays avaient en effet normalisé leurs relations diplomatiques dans le cadre de l'accord de Wadi Araba. D'ailleurs, plusieurs manifestants scandaient «Wadi Araba n'est pas la paix, Wadi Araba, c'est la capitulation».
Ces manifestations devant la représentation israélienne se multiplient depuis le début du Ramadan.
«Mort à Israël»
Selon des images rapportées par le média Al-Mayadeen, les manifestants ont entonné des slogans hostiles aux Etats-Unis et à Israël, criant «mort à Israël». D'autres exigeaient la fin des relations commerciales bilatérales notamment les exportations de légumes, tout en étant munis de pancarte «le peuple est contre la normalisation».
Les manifestations ont notamment rassemblé selon Al-Mayadeen des étudiants, des avocats, des médecins et des activistes politiques. Un article d'Al-Jazeera nous apprend que plusieurs Jordaniens ont été arrêtés par les forces de l'ordre.
La Jordanie est particulièrement touchée par les manifestations en raison du poids important de la communauté palestinienne au sein de sa population. Depuis la guerre israélo-arabe de 1948 et après l'échec de la guerre des Six jours en 1967, les Palestiniens représentent près de 60% de la population jordanienne. Plus de treize camps de réfugiés sont installés dans l'ensemble du territoire du royaume hachémite. Le nombre de Palestiniens enregistrés comme réfugiés dans les camps en Jordanie est estimé à environ 2,2 millions, selon les chiffres de l’UNRWA pour l’année 2023, rapporte un article d'Orient XXI.
Le pouvoir jordanien est de fait critiqué par une partie de sa population qui le juge trop timoré sur la question palestinienne. Le roi Abdallah II appelle pourtant au cessez-le-feu permanent dans la bande de Gaza et participe au largage de colis humanitaire dans l'enclave gazaouie. Selon un article de Reuters datant du 16 janvier, malgré la guerre le Premier ministre jordanien a insisté sur le fait que les relations bilatérales avec l'Etat hébreu demeuraient stratégiques.