Alors que les combats continuent entre le Hezbollah et Tsahal à la frontière israélo-libanaise, un véhicule de l'Onu a été touché ce 30 mars par une frappe.
«Ce matin, trois observateurs militaires de l’OGL [Groupe d'observateurs au Liban, ndlr.] (ONUST) et un assistant linguistique libanais qui effectuaient une patrouille à pied le long de la Ligne bleue» qui marque la frontière entre les deux États «ont été blessés lorsqu’une explosion s’est produite à proximité de leur position», a déclaré le porte-parole de la Finul, la mission onusienne au sud-Liban, Andrea Tenenti.
«La sécurité du personnel de l'ONU doit être assurée. Tous les acteurs ont la responsabilité, en vertu du droit international humanitaire, d'assurer la protection des non-combattants, y compris les soldats de la paix», a-t-il insisté.
Selon des sources sécuritaires citées par Reuters, la «frappe» a fait plusieurs blessés parmi les occupants du véhicule. L'Agence nationale libanaise d'information (ANI, officielle) a elle affirmé que «l'aviation ennemie», en référence à Israël, avait bombardé la région de Rmeich, où s'est produit l'incident, affirmant que la patrouille avait été visée par ces tirs. «Contrairement aux rapports, Tsahal n'a pas frappé un véhicule de la Finul dans la région de Rmeich ce matin», a déclaré l’armée israélienne dans un message posté sur la plateforme X.
Fustigeant une violation du «droit international et humanitaire», le ministère libanais des Affaires étrangères a affirmé vouloir porter plainte auprès des Nations unies, a rapporté le quotidien francophone libanais L'Orient le Jour.
Tsahal intensifie ses frappes au Liban
L'OGL (Observer Group Lebanon) fait partie de l'ONUST, première organisation de maintien de la paix créée par l'ONU. Celle-ci est présente dans la région depuis 1949 afin d'observer et de maintenir le cessez-le-feu et les accords d'armistice conclus entre Israël, l'Égypte, le Liban, la Jordanie et la Syrie à la suite de la guerre israélo-arabe de 1948.
Cet incident s'inscrit dans un contexte d'intensification des violences entre le Hezbollah et l'armée israélienne. Dans la matinée du 30 mars, la milice chiite a revendiqué une frappe sur la caserne Ramim avec des missiles Burkan, une roquette à courte portée dont la charge explosive peut varier de 60 à 500 kg. La veille, l'organisation pro-iranienne avait affirmé avoir ciblé plusieurs positions israéliennes.
Depuis le 8 octobre, les deux ennemis frontaliers s'affrontent quasi quotidiennement, via des attaques de drones, des frappes ciblées contre des postes d'observation et sur des infrastructures militaires. Initialement, les combats se limitaient à un rayon de cinq kilomètres de la frontière avant de s'étendre peu à peu.
Des pourparlers au point mort
L'aviation de Tsahal a mené plusieurs raids dans des provinces reculées, à Baalbek notamment, une ville qui se situe à plus de 100 kilomètres de la frontière israélienne, mais également à Nabatiyé, à Saïda ou sur Tyr. Les zones limitrophes ont de surcroît été en partie vidées de leurs habitants.
En ce qui concerne les négociations, les pourparlers sont au point mort, malgré l'adoption de la résolution onusienne sur un cessez-le-feu à Gaza. Depuis Washington, Yoav Gallant, le ministre israélien de la Défense, a averti qu'en cas de trêve dans l'enclave gazaouie, le Hezbollah pourrait lancer une opération terrestre sur le nord d'Israël. Malgré les pressions diplomatiques, américaines et françaises, pour imposer un retrait des forces du Hezbollah à plusieurs kilomètres de la frontière, le parti chiite n'entend pas y répondre favorablement. D'ailleurs, selon un article d'Ici Beyrouth du 27 mars citant des sources diplomatiques françaises, l'organisation pro-iranienne s'opposerait à la proposition française «en raison de son parti pris en faveur d’Israël».
Le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah doit à ce propos prendre la parole prochainement pour évoquer la situation du front face à Israël et les questions concernant les négociations pour parvenir à un cessez-le-feu.