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Proche-Orient : tensions interpalestiniennes autour de la nomination d'un nouveau Premier ministre

Des tensions ont éclaté le 15 mars au soir entre le Fatah et le Hamas à propos de la nomination d'un fidèle de Mahmoud Abbas au poste de Premier ministre appelé à réformer l'Autorité palestinienne dans le cadre de l'éventuel «après-guerre» à Gaza.

Le 14 mars, le chef de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a nommé l’un de ses proches, l'économiste Mohammad Moustafa, comme Premier ministre afin de tenter, selon des analystes, de convaincre la communauté internationale de sa volonté de réformer son Autorité palestinienne.

Mais le 15 mars, le Hamas, ainsi que le Jihad Islamique et le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP, marxiste) ont fustigé cette nomination, accusant Mahmoud Abbas d'être «déconnecté» de la réalité. «Former un nouveau gouvernement sans consensus national va aggraver les divisions» interpalestiniennes, ont-ils mis en garde dans un communiqué conjoint.

La nomination du nouveau Premier ministre prouve «la profonde crise au sein de l'Autorité palestinienne et sa déconnexion de la réalité», selon le communiqué qui dénonce le «fossé entre l'Autorité et le peuple» palestinien.

Depuis des affrontements fratricides en juin 2007, le leadership palestinien est divisé entre l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, menée par le Fatah qui exerce un pouvoir limité en Cisjordanie, territoire occupé depuis 1967 par Israël, et le Hamas, au pouvoir à Gaza.

Ces derniers mois, de nombreux Palestiniens ont vivement critiqué le président Abbas pour son «impuissance» face à l'opération terrestre et aérienne israélienne dans la bande de Gaza aujourd'hui ravagée par la guerre.

Le Fatah accuse le Hamas «d'avoir causé le retour de l'occupation israélienne de Gaza»

Tard le 15 mars, le Fatah a répliqué au Hamas l’accusant dans un communiqué «d'avoir causé le retour de l'occupation israélienne de Gaza» en «entreprenant l'aventure du 7 octobre» qui a mené à une «catastrophe (nakba, en arabe) encore plus horrible et cruelle que celle de 1948», une référence au déplacement et à l'expulsion d'environ 760 000 Palestiniens de leurs terres à la création d'Israël.

La guerre Israël/Hamas a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée par des commandos du mouvement palestinien infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort d'au moins 1 160 personnes, la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de sources officielles israéliennes.

En représailles, Israël a promis «d'anéantir» le Hamas et lancé une offensive dans la bande de Gaza ayant fait jusqu'à présent 31 490 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

«La véritable déconnexion de la réalité et du peuple palestinien est celle de la direction du Hamas, qui jusqu'à présent ne saisit pas l'ampleur de la catastrophe que connaît notre peuple», a ajouté le Fatah, accusant le Hamas de ne pas avoir lui-même «consulté» les autres dirigeants palestiniens avant de lancer son attaque contre Israël.

La nomination de Mohammad Moustafa, qui fait suite à la démission le mois dernier du gouvernement de Mohammed Shtayyeh, intervient alors que des puissances régionales et occidentales appellent à une réforme de l'Autorité palestinienne afin qu'elle puisse être un acteur «crédible» pour administrer Gaza après la guerre et à terme diriger un futur État palestinien.

Mais le rôle de l'Autorité palestinienne après la guerre demeure encore incertain, en raison de son influence limitée à Gaza et du refus notamment du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu d'envisager un futur État palestinien.

Dans une lettre d'acceptation de sa mission au président Abbas, Mohammad Moustafa s'est dit «conscient de la phase critique que traverse la cause palestinienne», et a insisté sur la nécessité d'un État palestinien regroupant Gaza et la Cisjordanie.