«Tous les terroristes armés ont été tués et la situation est revenue à la normale, les forces de sécurité procèdent à des contrôles et à des enquêtes», a déclaré ce 15 mars à l'AFP Abdirahim Yusuf, un officier de police somalien.
Le policier s'exprimait près de 13 heures après que les shebab ont lancé l'assaut contre l'hôtel SYL, situé à proximité de l'enceinte ultra-sécurisée de la Villa Somalia, un complexe fortifié abritant la présidence somalienne et les bureaux du Premier ministre à Mogadiscio.
L'attaque, revendiquée par le groupe islamiste affilié à Al-Qaïda, a commencé le 14 mars vers 21h45 (18H45 GMT) quand des hommes armés ont pris d'assaut l'hôtel SYL dans un déluge de balles.
«Plusieurs hommes armés sont entrés de force dans le bâtiment après avoir détruit le mur d'enceinte à l'explosif», avait indiqué à l'AFP peu de temps après le début de l'attaque un officier de sécurité, Ahmed Dahir.
Des témoins avaient dit avoir entendu les assaillants tirer sans discernement. Des coups de feu sporadiques et des explosions ont été entendus pendant plusieurs heures. «Je ne sais pas s'il y a des victimes, mais il y avait beaucoup de monde à l'intérieur quand l'attaque a commencé», a déclaré Hassan Nur, qui a pu s'échapper en escaladant un mur.
Un hôtel déjà visé à plusieurs reprises
«Il s'agit d'une attaque très importante qui rompt l'impression de calme qui s'était développée à Mogadiscio ces derniers mois à la suite de certaines réformes sécuritaires», souligne à l'AFP Omar Mahmood, chercheur à l'International Crisis Group.
Cette attaque durant le ramadan «constitue également un signal des shebab : malgré les nombreux efforts annoncés par le gouvernement pour les affaiblir, le groupe reste actif et résilient, et est même capable de frapper le gouvernement près de chez lui», poursuit Omar Mahmood.
L'hôtel avait déjà été visé à plusieurs reprises depuis 2015 par les shebab. Lors de la dernière attaque en date, en décembre 2019, cinq personnes, trois civils et deux membres des forces de sécurité, avaient été tuées. Les shebab combattent depuis plus de 16 ans le gouvernement fédéral somalien, soutenu par la communauté internationale.
Ces rebelles liés à Al-Qaïda contrôlaient la capitale jusqu'en 2011, date à laquelle ils en ont été chassés par les troupes de l'Union africaine. Mais les shebab restent implantés dans de vastes zones rurales du centre et du sud du pays, d'où ils mènent régulièrement des attentats contre des cibles sécuritaires, politiques et civiles. Ils sont considérés comme un groupe terroriste par Washington depuis 2008.
Le gouvernement du président Hassan Cheikh Mohamoud a lancé en août 2023 une vaste offensive, appuyée par l'armée américaine et la force de l'Union africaine présente dans le pays (Atmis), qui, après avoir permis la reconquête de territoires dans le centre de la Somalie, est actuellement à l'arrêt.
La présidence réitère sa détermination à «éradiquer le terrorisme»
Le 14 mars, le président somalien a tenu une «réunion stratégique» avec des responsables de la défense pour planifier la reconquête des territoires perdus, a rapporté l'agence de presse nationale Sonna. «Le président a salué les vaillants efforts des forces somaliennes et souligné la détermination intacte du gouvernement à éradiquer le terrorisme», selon Sonna.
En janvier, les shebab avaient pris un certain nombre d'otages après avoir capturé un hélicoptère de l'ONU, contraint à un atterrissage d'urgence dans le centre du pays.
En août 2020, les shebab avaient lancé une attaque d'envergure contre l'Elite, un autre hôtel de la plage du Lido, tuant dix civils et un policier. Il avait fallu quatre heures aux forces de sécurité pour reprendre le contrôle de l'établissement. En juin 2023, six civils et trois policiers avaient été tués dans l'attaque d'un hôtel de Mogadiscio par un commando de shebab.
Ces derniers, qui réclament l'instauration de la loi islamique, ont été chassés des principales villes du pays en 2011-2012, mais restent solidement implantés dans de vastes zones rurales. Ils continuent de mener des attentats sanglants en représailles, soulignant leur capacité à frapper au cœur des villes et des installations militaires dans le pays de la Corne de l'Afrique de 17 millions d'habitants.
Le 26 mai 2023, les shebab avaient attaqué une base tenue par des soldats ougandais de la force de l'Union africaine en Somalie (Atmis) dans le sud du pays, tuant au moins 54 soldats. Le 29 octobre 2022, deux voitures piégées avaient explosé à Mogadiscio, tuant 121 personnes et en blessant 333, l'attaque la plus meurtrière depuis cinq ans dans ce pays également touché par une sécheresse historique.