Rassemblés devant les bureaux du Premier ministre polonais, des agriculteurs, rejoints par le syndicat Solidarité et des chasseurs, ont allumé ce 6 mars des feux, lancé des pétards et des fumigènes au son étourdissant de sirènes et de trompettes.
Ils ont également bloqué avec leurs tracteurs une partie des autoroutes menant vers la capitale polonaise et dans tout le pays.
Depuis début février, ils bloquent également les passages frontaliers avec l'Ukraine, mettant à mal les relations entre les deux pays alors que la Pologne compte parmi les plus grands soutiens de Kiev depuis le début de la guerre en février 2022.
«Je veux produire de la nourriture saine mais on importe des produits de moins bonne qualité que les nôtres avec lesquels on ne peut pas rivaliser en termes de prix», a déclaré à l'AFP Jan Kepa, propriétaire d'une exploitation dans le Sud-Ouest de la Pologne. «Nous avons toujours de l'espoir mais nous manifestons depuis plus d'un mois et, pour le moment, il n'y a aucune solution qui nous satisfait. En fait, on ne nous propose rien», ajoute-t-il.
«Avant tout vivre dans la dignité»
Tomasz Stachow, propriétaire d'une ferme d'une dizaine d'hectares dans le Sud de la Pologne, veut «avant tout vivre dans la dignité». «Et pour l'instant, les prix sont en dessous du seuil de rentabilité», explique-t-il, qualifiant d'«absurde» le Pacte vert, un bouquet de législations environnementales pour décarboner l'Union européenne et préserver selon Bruxelles ses écosystèmes.
«Ce sont des réglementations absurdes auxquelles les agriculteurs doivent se conformer, ce qui ne fera qu'aggraver la situation et augmenter les coûts de production et les prix des produits», ajoute-t-il.
Pour calmer la situation dans le pays, le Premier ministre polonais Donald Tusk n'a pas exclu la semaine dernière une fermeture temporaire de la frontière polonaise aux échanges de marchandises avec l'Ukraine. Il a également appelé Bruxelles à introduire des «sanctions complètes» sur les produits agricoles et alimentaires russes et biélorusses qui ne sont pas concernés jusqu'à présent par l'embargo européen, une revendication soutenue par Kiev.
Une rencontre entre Donald Tusk et les agriculteurs polonais est attendue le 9 mars.