Près d’un demi-million : tel serait le nombre de personnes que le commandant en chef des forces ukrainiennes Valeri Zaloujny aurait suggéré de mobiliser.
«Le chiffre final de Zaloujny était proche de 500 000», a rapporté le Washington Post, citant un haut responsable ukrainien. Ce chiffre aurait été avancé par le général lors d’un entretien avec le Volodymyr Zelensky le 29 janvier. Le même entretien où le président ukrainien aurait signifié à son commandant en chef qu’il allait le limoger.
Se sachant sur le départ, le haut gradé aurait alors exposé à Volodymyr Zelensky «quelques réflexions d’adieu» à destination de son successeur, relate le quotidien américain dans son article paru le 1er février, «expliquant clairement pourquoi une amélioration rapide de la position de l'Ukraine sur le champ de bataille est peu probable». Pour Valeri Zaloujny, un tel enrôlement serait justifié par la nécessité de «compenser les pertes et pour correspondre au plan russe d'envoyer 400 000 soldats supplémentaires dans le combat».
Toutefois, Volodymyr Zelensky aurait, toujours selon le Washington Post, rejeté cette idée, avançant que Kiev n’aurait pas suffisamment de fonds pour payer les mobilisés sans avoir à augmenter significativement les impôts des Ukrainiens. Par ailleurs, le président ukrainien aurait trouvé une telle mobilisation «politiquement impopulaire».
Suite à l’éclatement du conflit entre Moscou et Kiev, un soldat ukrainien en première ligne touche une paie de 100 000 hryvnias (près de 2 500 euros). Une somme conséquente dans un pays où le salaire moyen avoisine les 15 000 hryvnias (370 euros) et où l'État est en déficit chronique.
Le contribuable européen à la rescousse
Le 1er février, les dirigeants de l’Union européenne, réunis à Bruxelles lors d’un Conseil européen extraordinaire, ont validé le versement à Kiev d’une aide financière de 50 milliards d’euros (33 milliards de prêts et 17 milliards de dons), échelonnée sur quatre ans. En 2023, les Vingt-Sept avaient déjà alloué une aide de 18 milliards d’euros au budget ukrainien, sous forme de prêts, soit 1,5 milliard d’euros par mois.
La mobilisation est un sujet houleux en Ukraine, tant et si bien qu'un dictionnaire en ligne en a fait le «mot de l’année», devançant «contre-offensive». Quant au chiffre de 500 000 mobilisés, ce n’est pas la première fois qu’il surgit dans le débat. Mi-décembre, lors d’une conférence de presse, kle président Zelensky avait déclaré que l’état-major avait «proposé de mobiliser 450 000 à 500 000 personnes», ajoutant alors ne pas avoir pris sa décision.
Une information qu’avait démentie Valeri Zaloujny une semaine plus tard. Le général, qui réclame régulièrement davantage de moyens humains, avait alors affirmé que le commandement ukrainien n’avait «pas fait une seule demande» aux autorités pour une telle mobilisation.
Les désaccords entre les deux hommes sont de notoriété publique. En témoignent des révélations de Bild le 1er février selon lesquelles Valeri Zaloujny aurait voulu, «il y a quelques semaines», se retirer d’Avdeïevka «afin de redresser l’avant et de faciliter une défense». Retrait qu’aurait refusé Volodymyr Zelensky, «se rendant personnellement dans la ville assiégée le 30 décembre pour promouvoir sa défense», ajoute le quotidien allemand.
L'armée russe revendique de son côté avoir repris l'initiative, après avoir brisé la contre-offensive ukrainienne de l'été 2023. Ce 2 février, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou déclarait que l’Ukraine était en train de «jeter ses dernières réserves dans la bataille».