A Bahreïn, allié de la Grande-Bretagne, des détenus ont été torturés pendant leurs interrogatoires. C'est en tout cas ce que révèle un rapport de l'ONG Human Rights Watch (HRW), rapport basé sur l'enquête d'une commission d'enquête officielle mis en place après les manifestations populaires contre le gouvernement en 2011.
Le HRW a interviewé 10 détenus qui tous ont déclaré avoir subi des interrogatoires musclés liés à des enquêtes criminelles à la Direction du ministère de l'Intérieur (CID) et dans les postes de police depuis 2012. Quatre autres détenus ont affirmé avoir été torturés: décharges électriques; suspension dans des positions douloureuses, y compris par les poignets; obligation de rester debout; abus sexuel et exposition à un froid extrême.
Ce rapport intervient trois semaines après que le ministre des Affaires étrangères, Philip Hammond, a inauguré une nouvelle base navale britannique controversée près de la capitale, Manama. Des activistes des droits humains ont d'ailleurs critiqué Philip Hammond pour avoir annulé une réunion prévue avec des figures de l'opposition, juste avant de rencontrer son homologue bahreïni.
L'argument avancé par la Grande-Bretagne est que si Bahreïn n'est pas parfait, le pays suit les recommandations de la commission d'enquête indépendante de Bahreïn (Bici) et prend des mesures pour réformer sa police, son système judiciaire et son administration pénitentiaire. La politique du Royaume-Uni est de «soutenir Bahreïn dans son retour à un Etat stable et réformateur avec un bilan positif en matière des droits humains».
Pourtant pour Human Rights Watch, «les allégations de Bahreïn et de ses alliés selon lesquelles les autorités en ont fini avec la torture en détention ne sont tout simplement pas crédible. Toutes les preuves disponibles soutiennent la conclusion de l'existence d'une «culture de l'impunité» des forces de sécurité».
Et si la Grande-Bretagne fait valoir que Bahreïn a réformé ses forces de sécurité et ses mécanismes de contrôle, le HRW rappelle que le fonctionnement de ces mécanismes est «gravement viciée». Il recommande que le gouvernement britannique suspende le financement de la réforme des services de sécurité.
Pourtant, pour le Royaume-Uni, de solides relations commerciales et une coopération étroite en matière de sécurité et de renseignement participent à la réforme et à la promotion de la stabilité dans le Golfe.
Par ailleurs, Bahreïn a reporté sine die la visite prévue dans le pays du rapporteur spécial de l'ONU sur la torture. La Grande-Bretagne n'a pas demandé publiquement que cette visite ait lieu. Bahreïn, dont le pouvoir est sunnite, décrit souvent les militants de l'opposition, souvent chiites, comme des terroristes et affirme qu'ils travaillent au service de l'Iran.