«Que diraient les USA si l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) allait faire des exercices avec Cuba ou le Mexique à la frontière américaine avec 90 000 hommes?», s'interroge l'analyste Nikola Mirkovic, fondateur de l'association Ouest-Est et auteur de l'essai L'Amérique Empire. Au micro de RT, il estime que l'importance et la régularité des exercices occidentaux est de nature à provoquer une escalade.
90 000 soldats, 50 navires de guerre, 80 avions et 1100 véhicules de combat prendront part en effet pendant plusieurs mois à l'opération «Steadfast Defender», qu'il faut comprendre par "défenseur inébranlable", qui démarrera le 22 janvier sous l'égide de l'OTAN.
«Ce sera une démonstration claire de notre unité, de notre force et de notre détermination à nous protéger les uns les autres», a déclaré jeudi 18 janvier le commandant suprême des forces alliées en Europe, le général américain Christopher Cavoli lors d'une conférence de presse.
Ces manœuvres interviennent dans un climat tendu, alors que le journal allemand Bild avait dévoilé, le 14 janvier, de supposés plans secrets selon lesquels la Bundeswehr se préparait à une attaque de la Russie contre l'OTAN. La porte-parole de la diplomatie russe avait alors balayé cette rumeur d'un revers de main, la qualifiant d'«horoscope de l'année dernière», tandis que le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, y voyant de l'«intox», s'était refusé à tout commentaire.
«Des exercices qui viennent nourrir la propagande»
Pour Nikola Mirkovic, fondateur de l'association Ouest-Est et auteur de l'essai L'Amérique empire, la rhétorique atlantiste consistant à dire que le Russes, «après avoir digéré l’Ukraine, s’attaqueraient à d’autres pays», accompagnée de ces exercices de grande ampleur, «alimentent la peur collective».
Toujours selon Mirkovic, «ces exercices viennent nourrir la propagande» à l'encontre de la Russie, rappelant que l’OTAN n’a pas attendu le conflit en Ukraine pour mener des exercices. L’OTAN, depuis la fin de la guerre froide déploie des dizaines de milliers de troupes, se rapprochant des frontières de la Russie, ces exercices incitant Moscou à «se sentir menacée».
L'OTAN, un «outil dangereux»
Et notre interlocuteur de remarquer la «récurrence» des exercices Anakonda. Lancés en 2016 en Europe centrale, leur cible ne laissait guère place au doute : l'agresseur désigné s'y nommait «l'Union des Rouges» et menaçait les pays baltes et le nord de la Pologne. Le scénario prévoyait la défense de «l'Union des Bleus» contre de «petits hommes verts», référence explicite aux soldats qui avaient participé au rattachement de la Crimée à la Russie deux ans plus tôt, en 2014.
L'OTAN est en définitive un «outil dangereux», estime Mirkovic en rappelant l'exemple de la Serbie bombardée en 1999. Considérée comme en «état de mort cérébrale» selon Macron et «obsolète» par Trump, l'Alliance atlantique a selon Mirkovic été «ressuscitée» par ceux qui voulaient arrimer l’Europe de l’ouest au giron américain, «la séparer de la Russie» et «détruire à tout prix celle-ci». Une dangerosité à laquelle contribue la France, regrette Mirkovic, celle-ci étant «active dans la formation, l’armement, les conseils de l’armée ukrainienne», devenant ainsi selon lui «cobelligérante», et ce en dépit de déclarations de Paris.
«La France n’essaie même pas d’user de sa diplomatie»
Une implication qui trahirait aussi et surtout un manque cruel de vision et de capacité de négociation de la paix en Ukraine : «on s’est mis du côté de la guerre et non du côté de la paix», observe-t-il. Contrairement à un autre membre de l'OTAN comme la Turquie, «qui a montré qu’elle était aussi capable de déployer un savoir-faire diplomatique», en négociant à la fois avec Kiev et Moscou. «La France n’essaie même pas d’user de sa diplomatie, se rangeant derrière Biden et les néoconservateurs», dénonce ainsi Mirkovic. Et de conclure : «s’ils perdent, nous perdrons avec eux».