L'Arabie saoudite n'a pas perdu de vue son ambition de normaliser ses relations avec l'État hébreu, malgré le conflit à Gaza entre le Hamas et l'armée israélienne. «Nous croyons toujours – après le 7 octobre – à la normalisation», a déclaré le 9 janvier l'ambassadeur saoudien au Royaume-Uni, lors d'une interview à la BBC.
Dans le studio de la radio britannique, le diplomate, le prince Khalid ben Bandar, est revenu sur la question de la normalisation avec Israël. Avant l'éclatement du conflit entre le Hamas et Israël, les deux pays étaient en pourparlers pour parvenir à un accord. L'ambassadeur saoudien a déclaré qu'un pacte «était proche» entre le Royaume wahhabite et l'État hébreu avant que le conflit n'éclate au Proche-Orient.
«Ainsi, même si nous croyons toujours – après le 7 octobre – à la normalisation, cela ne veut pas dire qu'elle se fera au détriment du peuple palestinien», a-t-il précisé. Toutefois, une telle normalisation irait de pair avec «un État palestinien», a rappelé au micro de la BBC le prince Khalid ben Bandar. «L'un ne va pas sans l'autre», a-t-il insisté.
Riyad déplore le côté «extrême» et «absolutiste» du gouvernement israélien
Néanmoins, le diplomate saoudien a pointé du doigt la responsabilité de la communauté internationale, déclarant souhaiter que le Royaume-Uni «modère sa position» davantage. Il y a «un échec de l'humanité», a-t-il déploré, estimant que «l'angle mort à l'égard d'Israël» constituait «un angle mort pour la paix». «Si quelqu’un d’autre avait fait ce que les Israéliens font aujourd’hui, vous les auriez vus coupés de la communauté internationale, vous auriez vu des gens parler de sanctions», a précisé l'ambassadeur.
Concernant l'après-conflit, lorsque le journaliste lui a demandé si le Hamas ferait partie de l'équation, le prince Khalid ben Bandar a répondu que cela «nécessitait beaucoup de réflexion». Avant d'ajouter : «Lorsqu'il y a un conflit, la première chose qu'il faut reconnaître est que les deux parties ont perdu.»
Compte tenu des pertes humaines recensées à Gaza, plus de 23 200 personnes selon le ministère de la Santé de l'enclave gazaouie, le prince Khalid ben Bandar estime que le problème réside dans la «perspective extrême et absolutiste» de l'actuel gouvernement israélien. «Cela va créer un manque d'espoir non seulement parmi le peuple palestinien, mais aussi parmi les personnes mécontentes» à travers le monde, a-t-il ajouté.
Avant le conflit déclenché par l'attaque sanglante du Hamas contre l'État hébreu le 7 octobre, dans une rare interview accordée le 21 septembre à la chaîne américaine Fox News, Mohamed ben Salmane (MBS) avait déclaré au sujet de la normalisation avec Israël : «Nous nous en approchons chaque jour.» Les deux pays, bien que n'ayant pas de relations diplomatiques officielles, montraient alors des signes d'ouverture.
L'Arabie saoudite bientôt puissance nucléaire ?
Le 2 octobre, afin de participer au congrès 2023 de l'Union postale universelle, le ministre israélien des Communications Shlomo Karhi avait fait le déplacement en Arabie saoudite. Quelques jours plus tôt, le 26 septembre, présent afin d'assister à Riyad à un événement des Nations unies, son homologue du Tourisme Haïm Katz était devenu le premier ministre israélien a mener une délégation dans le royaume saoudien.
Une première historique qui succédait à une autre. Le 10 septembre, dans le cadre d'une réunion de l'Unesco, quatre hauts fonctionnaires israéliens avaient obtenu leur visa pour se rendre à Riyad. Une première depuis la création de l'État hébreu en 1948.
Le royaume saoudien a de surcroît également accueilli une délégation israélienne pour un tournoi d'e-sport en juillet dernier. Fin août, les autorités saoudiennes ont autorisé l’atterrissage en urgence d'un avion avec à son bord 128 Israéliens à Djeddah, à l'ouest du pays. Enfin, les manuels scolaires de la monarchie n'utilisent plus le vocable «d'ennemi sioniste» pour parler de l'État hébreu.