La tension ne retombe pas entre les deux ennemis frontaliers. Au lendemain de l'assassinat ciblé du numéro deux du Hamas à Beyrouth, Hassan Nasrallah, le secrétaire général du Hezbollah, a le 3 janvier mis en garde l'État hébreu contre toute offensive au Liban. Dans la même soirée, l'armée israélienne a frappé la ville libanaise de Naqoura, selon l’Agence nationale d’information (Ani). Cette ville abrite notamment les quartiers généraux de la force onusienne de la Finul. Quatre combattants du parti chiite y ont été tués.
Ce 4 janvier, sur le site de l'organisation pro-iranienne, Al-Manar, le Hezbollah a recensé la perte de quatre de ses miliciens, Ibrahim Afif Fahs, Hussein Hadi Yazbak, Hadi Ali Reda et Hussein Ali Muhammad Ghazala. Le 3 janvier, le Hezbollah avait déjà annoncé la mort de cinq autres combattants, dans le sud du Liban.
«Pour le moment, nous combattons sur le front de façon calculée [...] mais si l’ennemi pense lancer une guerre contre le Liban, nous combattrons sans limites, sans restrictions, sans frontières, et il sait ce que cela signifie», avait averti, quelques heures avant cette attaque, le leader du Hezbollah dans son allocution. «Nous ne craignons pas la guerre», a martelé le chef du parti chiite. «L’intérêt du Liban sera d’aller à la guerre jusqu’au bout, sans retenue», a-t-il ajouté.
«Depuis trois mois jusqu’à ce jour, nous avons des martyrs, des sacrifices, des déplacés, des dégâts, des destructions, des dangers, des prix à payer», a admis le leader du mouvement pro-iranien. «Nous avons aussi de la résistance, du courage, du combat, du défi, des pertes dans les rangs de l’ennemi et un refus de la reddition», a-t-il toutefois précisé.
Craintes d'embrasement après les nouvelles frappes israéliennes au Liban
Hassan Nasrallah doit à nouveau prononcer un discours le 5 janvier dans lequel il donnera les directives au Hezbollah. Cette première allocution du 3 janvier a eu lieu le lendemain de l'assassinat ciblé de Saleh al-Arouri, numéro deux du Hamas à Beyrouth. Frappe qui a également coûté la vie à six cadres et responsables du mouvement palestinien. Dans l’après-midi du 3 janvier, un haut responsable de sécurité libanais confiait à l’AFP que cette frappe avait été effectuée par des «missiles guidés» tirés depuis un avion de chasse israélien.
Suite à cette attaque, le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir Abdollahian a déploré «une opération terroriste» qui prouverait, selon lui, «que le régime sioniste n’a atteint aucun de ses objectifs» à Gaza et en Cisjordanie, et ce, en dépit du «soutien direct de la Maison Blanche». Cette frappe dans une capitale arabe «constitue une menace réelle pour la paix et la sécurité et une grave alarme pour la sécurité de tous les pays de la région», a ajouté le chef de la diplomatie iranienne.
De son côté, la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna s'est entretenue avec le Premier ministre libanais Najib Mikati en réitérant «l’attachement de la France au respect de la souveraineté du Liban». Dans un message publié sur X (ex-Twitter) le 3 janvier, elle a ainsi déclaré : «Plus que jamais, l’heure est à la responsabilité. Personne ne sortirait gagnant d'une escalade.»
Le 22 décembre, L'Orient-Le Jour affirmait qu'Israël faisait pression auprès des chancelleries occidentales pour que le Hezbollah s'éloigne de la frontière israélo-libanaise et cesse ses frappes dans un délai de six à huit semaines. Une hypothèse partagée par The Times et Newsweek, qui ont indiqué le 18 décembre que Tsahal planifierait une intervention au Liban pour faire reculer la milice libanaise a plus de 40 kilomètres des zones limitrophes.
Depuis le 8 octobre dernier, des escarmouches et des accrochages quasi-quotidiens ont lieu à la frontière israélo-libanaise. Selon un décompte de l'AFP, les violences transfrontalières ont fait 175 morts, parmi lesquels 129 combattants du Hezbollah mais aussi plus de 20 civils, incluant trois journalistes.