La tension diplomatique est montée d'un cran entre Prétoria et Tel-Aviv. Alors que l'Afrique du Sud a fait part de son soutien à la cause palestinienne depuis le début des affrontements à Gaza, les autorités sud-africaines ont déposé une requête contre l’Etat hébreu devant la Cour internationale de justice (CIJ) pour des «actes de génocide contre le peuple palestinien à Gaza».
L'Afrique du Sud a de surcroît demandé à l'instance judiciaire des Nations unies de prendre les mesures nécessaires pour «protéger le peuple palestinien à Gaza», exigeant qu'Israël mette «immédiatement fin à toutes les attaques militaires ».
Dans sa requête, Pretoria a affirmé que les «actes et omissions d’Israël revêtent un caractère génocidaire, car ils s’accompagnent de l’intention spécifique requise (…) de détruire les Palestiniens de Gaza en tant que partie du groupe national, racial et ethnique plus large des Palestiniens». Le texte sud-africain a souligné qu'« Israël, en particulier depuis le 7 octobre 2023, manque à son obligation de prévenir le génocide, ainsi qu’à son obligation de punir l’incitation directe et publique à commettre le génocide», et «s’est livré, se livre et risque de continuer à se livrer à des actes de génocide contre le peuple palestinien à Gaza».
L'Afrique du Sud, fidèle soutien de la cause palestinienne
La réaction israélienne ne s'est pas fait attendre. Par l'intermédiaire du porte-parole de la diplomatie israélienne Lior Haiat, l'Etat hébreu a rejeté «avec dégoût la diffamation de sang répandue par l'Afrique du Sud dans sa requête auprès de la Cour internationale de Justice (CIJ)». Israël juge également la requête de Prétoria «sans fondement» tout en ajoutant que «l'Afrique du Sud coopère avec une organisation terroriste qui appelle à la destruction de l'État d'Israël». La diplomatie israélienne a de surcroît appelé «la Cour internationale de Justice et la communauté internationale à rejeter complètement les allégations infondées».
Le soutien de l’Afrique du Sud à la cause palestinienne ne date pas du 7 octobre, il est dans l’ADN de la politique étrangère du parti ANC (Congrès national africain). Le parti, au pouvoir depuis 30 ans, compare régulièrement la situation en Palestine à son propre combat contre l’apartheid.
Nelson Mandela avait fait le déplacement dans les Territoires palestiniens en 1999. Devant le Parlement à Gaza en présence de Yasser Arafat, il avait exhorté les Palestiniens à ne jamais abandonner la résistance. «Nous avons connu, nous aussi, des jours terribles, le sacrifice de camarades, et de fortes frustrations», dans le combat contre l'apartheid.
Dans un discours aux Etats-Unis en 2001, Nelson Mandela déclarait que «l’apartheid est un crime contre l’humanité», tout en stipulant qu'«Israël a privé des millions de Palestiniens de leur liberté et de la propriété». L'Etat hébreu «a perpétué un système de discrimination raciale et d’inégalité», avait-il aussi affirmé.