«Il est évident qu'en ce moment les Etats-Unis traversent des contradictions internes liées sans doute aux discussions sur la pertinence de gaspiller de manière irréfléchie des dizaines de milliards de dollars», a déclaré le 6 décembre le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov. Il a ajouté que «les contradictions internes américaines ne pouvaient pas ne pas se refléter sur l'ambiance générale, notamment chez les Européens».
Il réagissait suite à l'échec du Congrès américain le 6 décembre à accorder une grande enveloppe de plus de 106 milliards de dollars réclamée avec insistance par le président Biden, comprenant 61 milliards pour l'Ukraine. L'opposition républicaine a refusé de soutenir ce texte au cœur de tractations très acrimonieuses, réclamant des concessions significatives sur la politique migratoire des Etats-Unis en échange de leurs voix.
«Je n'ai en aucun cas la prétention d'aider le régime de Joe Biden à trouver des moyens de soutenir le régime nazi de Kiev», a quant à elle affirmé le 6 décembre Maria Zakharova lors de son briefing hebdomadaire, suggérant toutefois de «vendre l'ordinateur et le téléphone» du président américain si vraiment ils ne trouvaient pas de solution. «Je pense qu'ils en tireraient des sommes fantastiques», a-t-elle ironisé.
Le soutien à l'Ukraine menacé sur les deux rives de l'Atlantique
Joe Biden avait exhorté quelques heures plus tôt à l'approbation de ces fonds lors d'un discours très solennel. Leur blocage serait «le plus beau cadeau» offert au président russe Vladimir Poutine, avait-il prévenu, en affirmant que le maître du Kremlin, s'il parvenait à s'emparer de l'Ukraine, «ne s'arrêtera(it) pas là».
Les Etats-Unis sont actuellement le pays fournissant le plus important soutien militaire à Kiev. Le Congrès a engagé plus de 110 milliards de dollars depuis février 2022.
Pendant ce temps en Europe, le Financial Times a révélé des inquiétudes en amont du futur Conseil européen des 14 et 15 décembre consacré essentiellement aux conflits en Israël et en Ukraine. Plusieurs dissensions se font jour entre partisans et opposants du maintien de l'aide militaire à l'Ukraine. Parmi les récalcitrants, on trouve la Hongrie de Viktor Orban et la Slovaquie de Robert Fico. Plus déterminante encore : les craintes que la règle allemande de frein à l'endettement n'empêche Olaf Scholz de contribuer à la rallonge budgétaire demandée par Bruxelles. Interrogé, le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg s'est dit «confiant dans la poursuite par les membres de l'alliance d'un soutien conséquent et significatif à l'Ukraine».