Le torchon brule entre Israël et les Nations unies. «En raison de ses remarques, nous refuserons de délivrer des visas aux représentants de l’ONU», a déclaré à la radio militaire israélienne l’ambassadeur de l’Etat hébreu auprès de l’ONU, Gilad Erdan, selon des propos rapportés ce 25 octobre par The Times of Israël. «Nous avons déjà refusé un visa au secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, Martin Griffiths», a ajouté le diplomate, avant d’affirmer que le moment était venu «de leur donner une leçon».
Des propos qui font suite à la passe d’armes, la veille, entre le ministre israélien des Affaires étrangères Eli Cohen et le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, lors d’une réunion du Conseil de sécurité. Condamnant une nouvelle fois les «actes terroristes horribles et sans précédent du Hamas» et réitérant son appel à un «cessez-le-feu humanitaire immédiat», le patron de l’ONU avait déclaré qu’il était «important de reconnaître également que les attaques du Hamas ne se sont pas produites dans le vide». Avant d’ajouter : «Le peuple palestinien a été soumis à 56 ans d'occupation étouffante.»
«Il n'y a pas de place pour une approche équilibrée», estime Cohen
Une sortie qui a provoqué l’ire du chef de la diplomatie israélienne. «Dans quel monde vivez-vous !», avait-il rétorqué à Antonio Guterres, après avoir égrainé les noms de plusieurs enfants enlevés par le Hamas. «Sans aucun doute, ce n’est pas le nôtre», avait poursuivi le ministre israélien. «Comment pouvez-vous conclure un accord de cessez-le-feu avec quelqu'un qui a juré de tuer et de détruire votre propre existence», a-t-il encore lancé, concernant l’appel du secrétaire général à un cessez-le-feu humanitaire à Gaza.
Suite à cet échange, Eli Cohen a annoncé sur X (anciennement Twitter) qu’il ne rencontrerait pas Antonio Guterres. «Après le massacre du 7 octobre, il n'y a pas de place pour une approche équilibrée. Le Hamas doit être rayé de la surface de la planète !», a-t-il ajouté. Quant à Gilad Erdan, celui-ci avait appelé à la démission du secrétaire général, estimant que ce dernier avait «perdu toute impartialité» et l’accusant d'être «compréhensif face au terrorisme et aux meurtres» du Hamas.
Cessez-le-feu humanitaire : plusieurs projets de résolution rejetés par Washington
Le 18 octobre, au lendemain d’une frappe meurtrière sur un hôpital de la bande de Gaza, un projet de résolution brésilien appelant à un cessez-le-feu humanitaire s’était heurté au veto américain. Washington avait fustigé l'absence de mention du «droit d'Israël à se défendre» dans ce texte. Plus tôt, une proposition similaire de la Russie, condamnant «toutes les violences contre les civils et tous les actes terroristes», avait été rejetée après l’opposition des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de la France et du Japon. L’ambassadrice américaine avait dénoncé un texte ne nommant pas le Hamas.
Selon plusieurs agences de l’ONU, la situation humanitaire à Gaza est «catastrophique». Dans la foulée de l’attaque meurtrière du Hamas contre l’Etat hébreu, Tsahal a assiégé l’enclave gazaouie, où vivent plus de deux millions de personnes, et entériné une campagne de frappes contre le Hamas. Selon les chiffres de ce dernier, au pouvoir dans ce territoire palestinien, les bombardements israéliens auraient tué au cours de ces deux dernières semaines plus de 6 500 personnes, dont 2 700 enfants.