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Au lendemain de la frappe contre l'hôpital de Gaza, fureur dans la rue arabe (VIDEOS)

Aux quatre coins du Moyen-Orient, la rue arabe a manifesté son soutien à la cause palestinienne après l'explosion de l'hôpital gazaoui qui a fait des centaines de morts. Des bâtiments français, américains et israéliens ont été pris pour cible.

De Tunis à Beyrouth en passant par Bagdad, Amman et Téhéran, la rue arabo-musulmane manifeste son soutien à Gaza au lendemain du bombardement de l'hôpital Al-Ahli, qui a fait 471 morts selon le ministre palestinien de la Santé. 

Pour les manifestants, il n'y a pas de doute : le coupable de cette explosion est Israël, en dépit de la contestation de Tsahal, qui a accusé le Jihad islamique d'avoir manqué un tir de roquette, et des propos de Joe Biden disculpant l'Etat hébreu.

Partout au Moyen-Orient, des manifestants descendent dans la rue pour protester contre l'agression israélienne depuis la soirée du 17 octobre.

A Amman, des milliers de Jordaniens ont tenté de pénétrer dans l'enceinte de l'ambassade israélienne.

Le royaume hachémite et l'Etat hébreu ont des relations officielles depuis l'accord de paix de Wadi Araba en 1994. Ce 18 octobre, pas moins de 5 000 Ammaniens se sont à nouveau réunis pour demander le renvoi de la délégation diplomatique israélienne. 

L'ambassade américaine visée à Beyrouth

En Egypte, pays entretenant également des relations avec Israël depuis les accords de Camp David en 1979, des rassemblements ont eu lieu dans plusieurs grandes villes du pays. Les manifestations sont généralement interdites par le gouvernement central.

Au Liban, peu de temps après l'explosion de l'hôpital à Gaza, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées devant l'ambassade de France, à l’entrée du siège des Nations unies mais également devant l'immense ambassade bunkerisée des Etats-Unis en périphérie de la capitale libanaise à Awkar. A ce propos, le même jour, Washington a vivement recommandé à ses citoyens de ne pas voyager au Liban.

Le Hezbollah appelle à «un jour de rage» 

«Les dénonciations ne suffisent plus, et nous appelons les peuples de notre nation arabe et islamique à agir immédiatement dans les rues et sur les places pour exprimer une colère intense et faire pression sur les gouvernements et les États où qu'ils se trouvent», a déclaré le Hezbollah dans un communiqué sur son site officiel Al-Manar. Le parti chiite libanais a également appelé à «un jour de rage sans précédent contre l'ennemi».

A Tunis, des milliers de manifestants se sont réunis devant l'ambassade française pour dénoncer l'alignement de la diplomatie française sur les positions israéliennes. Les Tunisiens ont même demandé le renvoi de l'ambassadrice française Anne Guéguen. 

Des rassemblements ont également eu lieu à Bagdad, à Téhéran ou des drapeaux israéliens et américains ont été brûlés, mais aussi à Ankara où les manifestants ont voulu pénétrer dans l'ambassade israélienne. Pas moins de 80 000 personnes se sont rassemblées devant le bâtiment. Les attroupements dans la capitale turque ont fait plus une soixantaine de blessés, dont une majorité de policiers.

Ankara a décrété trois jours de deuil national après l'explosion de l'hôpital gazaoui. «Une période de deuil de trois jours va entrer en vigueur, en signe de solidarité [...] avec la douleur de ces innocents», a déclaré ce 18 octobre Ömer Çelik, le porte-parole du parti de la justice et du développement (AKP) du président Recep Tayyip Erdogan. La veille, le chef d'Etat turc avait pointé du doigt la responsabilité israélienne, invitant «toute l'humanité à agir pour mettre un terme à cette atrocité sans précédent vécue à Gaza», rapporte le média turc Anadolu

La Turquie avait renoué en novembre dernier avec Israël et les deux pays avaient ainsi rouvert leurs ambassades respectives. L'Etat hébreu a quant à lui demandé à ses ressortissants de quitter le pays.

Indépendamment de la rue arabo-musulmane, les chancelleries ont aussi pointé du doigt la responsabilité israélienne dans le bombardement de l'hôpital Al-Ahli au centre de Gaza. Les Emirats arabes unis, qui étaient pourtant le seul pays arabe à avoir condamné l'attaque du Hamas le 7 octobre, ont demandé avec la Russie une réunion d'urgence à l'ONU ce 18 octobre. 

Joe Biden au secours d'Israël

Le Conseil de coopération du Golfe, qui regroupe l'Arabie saoudite, Oman, le Koweït, Bahreïn, les Émirats arabes unis et le Qatar, a «exprimé sa ferme condamnation du bombardement brutal par les forces d'occupation israéliennes de l'hôpital baptiste Al-Ahli dans la ville de Gaza», rapporte le média d'Etat saoudien SPA. Dans un message publié sur X (ex-Twitter), le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a fustigé «dans les termes les plus fermes ce bombardement délibéré, qui est considéré comme une violation flagrante du droit international».

Le roi jordanien Abdallah II a annulé un sommet avec le président américain Joe Biden, prévu dans la soirée du 18 octobre. Cette réunion devait entre autres rassembler le chef de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et le président égyptien.

A contre-courant des chancelleries moyen-orientales, Joe Biden, en visite en Israël ce 18 octobre, a quant à lui soutenu la thèse israélienne d'un tir raté du Jihad islamique sur l'hôpital. En entretien avec le Premier ministre israélien, le président américain a déclaré : «Sur la base de ce que j'ai vu, il apparaît que cela a été mené par la partie adverse, pas vous.» Il a en outre rappelé son soutien indéfectible à l'Etat hébreu.