Russie

Energie : Poutine plaide pour plus de souveraineté, en Russie et à travers le monde

Depuis la tribune du forum de la «Semaine russe de l’énergie», Vladimir Poutine a souligné l'importance de renforcer le secteur énergétique national, taclant au passage les sanctions occidentales et certaines de leurs conséquences.

Lors de la séance plénière du Forum international «Semaine russe de l’énergie» le 11 octobre, Vladimir Poutine a salué les efforts de diversification des acteurs du secteur énergétique de son pays et plaidé pour «la mise en place d’une véritable souveraineté sectorielle».

A ce titre, le président russe a notamment souligné l’importance de l’atome qui pèse «26%» de la production énergétique russe. «L’an dernier, nous avons battu un record dans la production d’électricité nucléaire» insiste Vladimir Poutine, qui espère que, couplé à la production et aux projets hydroélectriques, «cela nous permettra d’assurer aux villes, aux différentes localités rurales, une énergie totalement verte et peu chère, accessible».

Celui-ci évoque notamment le cas de la centrale flottante Academik Lomonosov, entrée en service en 2020 dans le district autonome de Tchoukotka, en Extrême-Orient. Région où est également en projet un petit réacteur modulaire (SMR). Le gaz n’est pas oublié, notamment en matière de gaz naturel liquéfié (GNL), «d’ici la fin de la décennie, nos capacités doivent être multipliées par 3 pour atteindre 100 millions de tonnes par an», déclare Vladimir Poutine.

Développement à l’international : vers de nouveaux marchés

En adéquation avec ces ambitions énergétiques, le président russe souligne l’importance du développement des voies maritimes en zone arctique. «Ce développement du transport est lié également au fait que, pour diminuer les risques, il ne s’agit pas seulement de travailler avec les pays amis, mais aussi, de développer nos capacités industrielles», insiste-t-il.

D’ailleurs, ces projets énergétiques russes ne concernent pas uniquement le territoire national. Le locataire du Kremlin souligne ainsi que Rosatom «construit 22 réacteurs nucléaires à l’étranger, ce qui représente 80% du marché international». Vladimir Poutine évoque notamment la centrale nucléaire d'Akkuyu en Turquie, inaugurée au printemps, ou encore le projet de centrale nucléaire à d’El-Dabaa en Egypte.

«A partir de zéro, avec les spécialistes égyptiens, nous créons dans ce pays tout un secteur nucléaire, avec la formation de cadres, la mise en place de la maintenance, etc.» assure le président russe. «Cela permettra à l’Egypte d’être un pays souverain en matière énergétique», affirme-t-il.

«Nous pouvons donc établir des relations importantes, pas seulement entre les entreprises, mais également entre les pays», souligne le président russe, après avoir évoqué les contrats d’une autre entreprise nationale russe : RussHydro, géant de l’hydroélectrique. «Avec RussHydro, nous avons construit 350 sites dans 54 pays du monde et aujourd’hui, cette entreprise propose ses solutions techniques à 17 pays, notamment des pays africains, du Proche-Orient, d’Amérique latine et d’Asie» égraine le président russe.

Un recalibrage du secteur énergétique russe, poussé par les sanctions

«Compte tenu des transferts de technologie et des compétences en ingénierie, cela représente un travail de 50 à 70 ans», insiste-t-il, au sujet de ce fleuron de l’économie russe pourtant cible des sanctions américaines.

Des sanctions qui ne seraient d’ailleurs pas étrangères à ce développement, à en croire le président russe. «Nous avons été obligés de développer nos propres compétences en ingénierie», déclare-t-il, au détour d’une question sur les restrictions sectorielles imposées par les chancelleries occidentales.

«Dans la mesure où nous avons tout : le produit initial – le gaz –, les débouchés – la Chine et toute la zone Asie pacifique –, nous avons eu des commandes de conception. Nous sommes devenus un centre de compétences en ingénierie au niveau mondial. Voilà le résultat !» développe Vladimir Poutine avant de poursuivre, «c’est un résultat positif de toutes les décisions irréfléchies qui ont été prises par les pays occidentaux à l’égard de la Fédération de Russie».

S’il admet que les Russes «ont encore du mal à être au niveau» des Américains et des Européens en matière d’exploration et d’extraction pétrolière, le chef d’État estime que «la situation évolue dans le bon sens, pour nous, assez rapidement».