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Conflit en Ukraine : «Ce sont aussi des opportunités pour l'industrie française», admet Lecornu

De passage à Kiev le 28 septembre avec des industriels de l’armement, le ministre des Armées Sébastien Lecornu a reconnu vouloir «assumer» la même perspective que les Anglo-Saxons.

C’est à l’occasion du forum de l’armement de Kiev que le ministre des Armées Sébastien Lecornu a donné un long entretien à France Info le 28 septembre. S'il a réitéré le soutien de la France à Volodymyr Zelensky, il y a aussi développé l’idée de «se positionner sur le marché ukrainien» de l’armement. 

«"Brancher" directement les industriels français à l'armée ukrainienne»

Pour ce deuxième déplacement en Ukraine, Sébastien Lecornu a tenu à montrer sa détermination à faire du conflit en Ukraine une opportunité pour l’industrie française. Accompagné d’une vingtaine d'industriels français des secteurs du cyber, de l'intelligence artificielle, des drones, des robots, des équipements terrestres et des munitions, il a estimé que «les cessions de matériels au sein des armées françaises» avaient par définition «des limites». Et d’ajouter : «Si on veut durer, on doit être capable de "brancher" directement les industriels français à l'armée ukrainienne.»

Le ministre a par ailleurs estimé que si la guerre venait à s’arrêter prochainement, l'armée ukrainienne aurait besoin de se reconstruire et qu’il s’agirait donc «d’opportunités pour les industries françaises». «Pardon de le dire comme ça, mais il faut l'assumer», a-t-il notamment déclaré. 

A la question de savoir si «L'Ukraine est un marché, aujourd'hui, pour les industriels français ?», le ministre français a répondu «oui et non» : «c'est un pays en guerre qui se défend en situation de légitime défense» a-t-il d'abord fait valoir, avant d'embrayer : «les industries françaises ont un rôle à jouer.»

Lecornu s'aligne sur la logique anglo-saxonne

Le ministre a ensuite précisé son propos, affirmant notamment : «Cette perspective-là, les Anglo-Saxons l'ont compris. A nous de défendre aussi le pré-carré français dans cette affaire.»

Interrogé sur la possible présence de salariés français en Ukraine et sur l’implantation d’usine, le ministre a répondu : «C'est à chaque industriel de le dire.» Concernant les canons Caesar livrés à Kiev, Sébastien Lecornu a dit son souhait qu’ils soient «réparés sur place». A l’apport industriel potentiel, le ministre a ajouté l’expérience opérationnelle en prenant l’exemple du déminage et s’est positionné sur ce domaine en affirmant : «Il y a un marché pour le déminage et la France a une expertise particulière.»

Moscou a dénoncé les fournitures d'armes

Questionné par ailleurs sur le risque de voir la France prise pour cible à cause de son soutien à l’Ukraine, il a répété qu’aider un «pays en guerre» ne revenait pas à «être cobelligérant.»

De son côté, Vladimir Poutine a régulièrement tancé des fournitures d'armes qui sont «dans un certain sens une participation» et une «complicité dans les crimes que commet le régime de Kiev, notamment le bombardement des zones résidentielles de Novorossiya et de Donetsk.»

Ces dernières semaines, la Russie a relativisé les livraisons d'armes occidentales, jugeant par exemple que les chars Abrams américains ne pourraient pas changer le «résultat» de son opération militaire. Le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a aussi, récemment, estimé que le matériel occidental n'avait «pas été à la hauteur