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Le Drian préconise une «troisième voix» au Liban et laisse planer la menace des sanctions

Jean-Yves Le Drian, envoyé spécial de l'Elysée au Liban, s'est entretenu avec le quotidien libanais L'Orient-Le Jour. Il a évoqué les défis du pays du Cèdre et préconisé notamment une «troisième voix» pour sortir de la crise politico-économique.

Dans une interview fleuve accordée au quotidien libanais L'Orient-Le Jour et publiée ce 26 septembre, l'envoyé spécial pour le Liban Jean-Yves Le Drian a passé en revue les défis du pays du Cèdre. 

Alors que l'ancien chef de la diplomatie française s'est rendu à trois reprises au Liban depuis la prise de ses nouvelles fonctions, il constate à demi-mot l'échec patent de l'initiative française. 

«C'est une mission de médiation qui vise à faire en sorte que les acteurs trouvent une solution», déclare-t-il au journal libanais. Or, depuis qu'Emmanuel Macron s'est investi dans le dossier libanais, aucune solution concrète n'a été trouvée. Il juge notamment que les responsables libanais sont dans une forme de «déni» et ce, alors que la situation «se dégrade».

Prochaine étape pour Paris : les sanctions ?

Le diplomate français insiste sur le fait que Paris est en accord avec les autres partenaires du quintette, à savoir les Etats-Unis, l'Egypte, le Qatar et l'Arabie saoudite, pour trouver une issue à la crise politico-économique au Liban. «Les cinq se parlent tout le temps et sont en phase», insiste-t-il.

Face aux nombreux blocages électoraux lors des innombrables séances parlementaires, Jean-Yves Le Drian préconise une «troisième voix» pour sortir du manichéisme libanais. En effet, depuis plusieurs mois, deux candidats attirent l'attention : Sleiman Frangié, allié du Hezbollah et proche ami de Bachar al-Assad et Jihad Azour, ancien membre du FMI considéré comme candidat de l'Occident. A ce titre, l'envoyé spécial au Liban envisage de réunir les différents partis pour qu'ils mettent sur la table leurs nombreux désaccords. 

En cas d'énième échec, les responsables libanais «vont être mis au ban de la communauté internationale», estime Jean-Yves Le Drian, avant d'ajouter : «Plus personne ne voudra les voir.»

Mais lorsque le média libanais évoque la possibilité de sanctions françaises, Jean-Yves Le Drian reste assez évasif. En cas d'échec des consultations, «ils devront assumer les conséquences de leur irresponsabilité. Je pense que chacun comprendra ce que cela veut dire», se borne-t-il à répondre. 

Le coup d'épée dans l'eau de la diplomatie française ?

Ce n'est pas la première fois que la France agite la menace des sanctions contre des responsables libanais. Dès avril 2021, le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian avait restreint le territoire français à plusieurs politiques, emboîtant de fait le pas des mesures coercitives de Washington. La Maison Blanche avait ainsi sanctionné les proches du Hezbollah en gelant leurs avoirs. Dernièrement, c'est l'ancien directeur de la banque centrale libanaise Riad Salamé qui a fait en juillet 2023 l'objet de plusieurs sanctions financières de la part des autorités de Londres, de Washington et d'Ottawa.

Face aux critiques faites à l'encontre de Paris sur son soutien au candidat du Hezbollah, le diplomate français se défend en répondant que «la France n'a qu'un seul objectif, c'est d'avoir un Liban qui préserve son intégrité territoriale». 

L'ancien chef de la diplomatie française a été nommé envoyé spécial au Liban en juin dernier. Après trois déplacements à Beyrouth, les défis s'accumulent pour lui. Face à l'inaction des responsables libanais et compte tenu de la méthode souvent jugée paternaliste du Quai d'Orsay, il n'est guère certain que son prochain déplacement porte ses fruits.