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En tournée au Liban, Jean-Yves Le Drian essaie de rattraper les faux-pas de Macron

Jean-Yves Le Drian, émissaire français pour le Liban, était en tournée à Beyrouth pour tenter de trouver une solution à la crise politique que traverse le pays du Cèdre. Lancée en août 2020, l'initiative française s'est soldée par une série d'échecs.

Nommé «envoyé spécial du Liban» par Emmanuel Macron le 7 juin dernier, qui l'a également choisi pour prendre la tête de l'agence française de développement du site saoudien d'Al-Ula, Jean-Yves Le Drian était en déplacement au Liban du 25 au 27 juillet pour rencontrer les différents partis politiques et tenter de remédier au vide présidentiel.

Beyrouth n'a plus de président depuis la fin du mandat du général Aoun le 31 octobre dernier. Depuis, malgré les innombrables sessions parlementaires, aucun candidat n'a réussi à sortir du lot.

Cette visite de l'ancien chef de la diplomatie française s'inscrit dans la continuité de la réunion de Doha du 17 juillet qui a rassemblé la France, les États-Unis, l’Arabie saoudite, le Qatar et l’Egypte afin de trouver une solution à la vacance du pouvoir au pays du Cèdre. 

Continuité de l'initiative ratée de Macron ?

Le communiqué du Quai d'Orsay précise que l'objectif est de réunir «toutes les parties prenantes concernées» pour créer «les conditions favorables à l’émergence d’une solution consensuelle pour l’élection du président de la République», ajoutant que c'est une modalité nécessaire «à la remise en marche des institutions politiques dont le Liban a urgemment besoin pour s’engager dans la voie du redressement».

Au cours de son déplacement, l'émissaire français a rencontré le président de la Chambre Nabih Berry, le chef du groupe parlementaire du Hezbollah Mohammad Raad, le chef des Forces libanaises Samir Geagea, le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil, le chef du Parti socialiste progressiste Taymour Joumblatt, le chef du parti Kataëb Samy Gemayel et le député de l’opposition Michel Moawad. Jean-Yves Le Drian a présenté une feuille de route dans le cadre d'une nouvelle réunion qui doit avoir lieu en septembre. 

Cette tournée libanaise atteste que la France s’accroche au pays du Cèdre. Lancée par Emmanuel Macron au lendemain de la terrible explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020, l'initiative française bat de l'aile. Pourtant, le président français avait donné de sa personne. Il était descendu dans les rues de la capitale libanaise, chemise entrouverte, pour serrer des mains et prendre un bain de foule. Très rapidement, sa politique libanaise a pris un tournant paternaliste : en septembre 2020, il a réuni tous les partis politiques pour les sommer de former un nouveau gouvernement. 

Une politique de plus en plus erratique

Face à l'inaction des élus libanais, Emmanuel Macron s'en est à l’occasion pris ouvertement au Hezbollah, le jugeant responsable du blocage, pour finalement jeter son dévolu sur l'ancien Premier ministre et ami de Paris Saad Hariri et ce, alors même que le saoudo-libanais avait été rejeté par la rue libanaise un an plus tôt. 

Or, la situation est allée de mal en pis au Liban. Entre la paupérisation de la société, l'inflation galopante et la chute vertigineuse de la livre libanaise, le pays du Cèdre s'est enfoncé dans une crise sans précédent.

La France, dans l'espoir d'éviter de perdre son ancien pré-carré au Proche-Orient, a changé de ton pour brandir la menace des sanctions contre certains dirigeants libanais. En avril 2021, alors  ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian a interdit plusieurs politiques libanais de territoire français. Avec ces mesures coercitives, Paris a ainsi emboîté le pas de Washington, qui avait gelé les avoirs de responsables proches du Hezbollah.

La politique française au Liban est plus que jamais erratique. En avril, le chef des Forces libanaises a même accusé Paris de soutenir le candidat pro-Hezbollah.