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Les forces de Haut-Karabagh continuent de rendre leurs armes

Sous le contrôle des forces russes de maintien de la paix, les forces du Haut-Karabagh continuent à être désarmées. Des négociations avec Bakou, sur leur retrait de l’enclave, sont attendues ce 23 septembre.

Défaits lors d'une offensive éclair de l'Azerbaïdjan, les combattants du Haut-Karabagh doivent continuer à rendre leurs armes tout au long du week-end. Le 22 septembre, ils ont déjà rendu six blindés et plus de 800 armes légères et des munitions, selon le contingent de la paix russe. Le tout alors que des milliers de civils restent confrontés à une situation d'urgence humanitaire dans cette région du Caucase.

«Conformément aux accords de cessation des hostilités, les formations armées du Karabagh ont commencé à remettre leurs armes et équipements militaires sous le contrôle des forces russes de maintien de la paix. Au 22 septembre, six véhicules blindés, plus de 800 armes légères et antichars et environ 5 000 munitions avaient été remis», a indiqué le ministère russe de la Défense dans un communiqué.

Ils vont en même temps poursuivre les négociations avec la partie azerbaïdjanaise «sous les auspices des soldats de maintien de la paix russes», ont fait savoir les autorités de ce territoire sécessionniste, qui ont capitulé le 20 septembre après une offensive éclair des forces azerbaïdjanaises. Cela doit permettre d'«organiser le processus de retrait des troupes et assurer le retour dans leurs foyers des citoyens déplacés par l'agression militaire», ont-elles poursuivi dans un communiqué.

Des pourparlers sur une «réintégration» du Haut-Karabagh au sein de l'Azerbaïdjan

Les parties discutent également de «la procédure d'entrée et de sortie des citoyens» de cette région, ont ajouté les séparatistes. Moscou a également rapporté deux violations au cours de la journée du cessez-le-feu instauré le 20 septembre, soit moins que la veille.

Les séparatistes avaient entamé le 21 septembre avec des responsables azerbaïdjanais des pourparlers sur une «réintégration» du Haut-Karabagh au sein de l'Azerbaïdjan. Bakou avait ensuite annoncé qu'une nouvelle réunion aurait lieu «le plus rapidement possible». Ce territoire montagneux a déjà été le théâtre de deux guerres entre les anciennes républiques soviétiques que sont l'Azerbaïdjan et l'Arménie, l'une de 1988 à 1994 (30 000 morts) et l'autre à l'automne 2020 (6 500 morts).

L'annonce des séparatistes survient à un moment où, affirment-ils, la «capitale» du Haut-Karabagh, Stepanakert, est encerclée par l'armée azerbaïdjanaise. «La situation à Stepanakert est horrible, les troupes azerbaïdjanaises sont partout autour de la ville, elles sont à la périphérie», a assuré à l'AFP une porte-parole des autorités locales, Armine Hayrapetian, ajoutant que des gens se terraient «dans les caves».

Stepanakert encerclée par l’armée azerbaïdjanaise, affirment les séparatistes

Selon un correspondant de l'AFP sur place, la ville de Stepanakert est privée d'électricité et de carburant. Ses habitants, qui ne peuvent pas retrouver leurs proches disparus faute de listes des morts et des blessés, manquent par ailleurs de nourriture et de médicaments.

L'Allemagne a appelé le 22 septembre au nécessaire respect des droits des habitants du Haut-Karabagh. «Les droits et la sécurité de la population du Karabagh doivent être garantis pour parvenir à une solution durable du conflit», a déclaré le porte-parole du chancelier Olaf Scholz, Steffen Hebestreit, à l'issue d'un entretien téléphonique entre le dirigeant allemand et le Premier ministre arménien Nikol Pachinian.

D'après un conseiller du président azerbaïdjanais Ilham Aliev, l'Azerbaïdjan a promis au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) d'envoyer de l'aide et de prendre en charge les soldats séparatistes blessés, avec des ambulances autorisées à se rendre à partir de l'Arménie au Haut-Karabagh.

L'opération militaire azerbaïdjanaise, qui s'est achevée en 24 heures, le 20 septembre à la mi-journée, a fait au moins 200 morts et 400 blessés, ont annoncé les séparatistes arméniens.

La situation reste «tendue», selon Pachinian

Dans le corridor de Latchine, la seule route reliant le Haut-Karabagh à l'Arménie, bloquée depuis plus de neuf mois par l'Azerbaïdjan, des hommes attendaient le 22 septembre le retour de proches coincés dans cette région près d'un des derniers postes de contrôle tenus par l'armée arménienne. «Ça fait trois jours et trois nuits que j'attends. Je dors dans la voiture», a confié à un journaliste de l'AFP Garik Zakarian, 28 ans, en quête de nouvelles de son beau-frère et de sa belle-mère, qu'il espère voir rapidement évacués.

Accusé de passivité face à l'Azerbaïdjan, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a reconnu le 22 septembre que «la situation» restait «tendue» au Haut-Karabagh où «la crise humanitaire se poursuit». Mais «il y a un espoir de dynamique positive», a ajouté le chef du gouvernement, pour qui le cessez-le-feu entré en vigueur le 20 septembre entre les séparatistes arméniens et Bakou est «globalement» respecté. Des personnes hostiles à Nikol Pachinian manifestent tous les jours à Erevan, la capitale de l'Arménie, pour protester contre la gestion de la crise par l'exécutif.

Plusieurs dirigeants de l'opposition ont fait connaître leur intention d'ouvrir au Parlement une procédure de destitution à l'encontre du chef du gouvernement. Selon la police arménienne, 98 manifestants ont été arrêtés le 22 septembre. Nikol Pachinian appelle au calme et à emprunter «le chemin» de la paix, même s'il n'est «pas facile».

Le succès militaire des Azerbaïdjanais nourrit les craintes d'un départ de nombre des 120 000 habitants du Haut-Karabagh, même si l'Arménie a promis qu'aucune évacuation de masse n'était prévue. Elle est néanmoins prête à accueillir «40 000 familles» de réfugiés.