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Haut-Karabagh : le cessez-le-feu se maintient, les pourparlers se poursuivent

Le cessez-le-feu se maintient ce 22 septembre au Haut-Karabagh, malgré plusieurs violations, après la capitulation des combattants de cette enclave du Caucase face à l'offensive éclair de l'Azerbaïdjan.

Selon le dernier bilan des séparatistes arméniens, l'opération militaire azerbaïdjanaise qui s'est achevée en 24 heures, le 20 septembre à la mi-journée, a fait au moins 200 morts et 400 blessés.

Cette offensive de l'Azerbaïdjan, qui a abouti à l'instauration d'un cessez-le-feu le 20 septembre, a fait l'objet d'une passe d'armes entre Erevan et Bakou devant le Conseil de sécurité de l'ONU, réuni d'urgence dans la soirée du 21 septembre à la demande de la France.

Prenant la parole le premier, le ministre arménien des Affaires étrangères a notamment affirmé qu'il n'y avait pas «deux parties dans ce conflit, mais un agresseur et une victime», et accusé Bakou d'avoir lancé une offensive «injustifiée et planifiée», visant à «finaliser le nettoyage ethnique» au Haut-Karabagh.

Ararat Mirzoyan a également accusé Bakou d'avoir mené des «bombardements intenses, sans discernement et d'utiliser de l'artillerie lourde, y compris le recours prohibé de bombes à sous-munitions». Son homologue azerbaïdjanais Djeyhoun Baïramov, a lui dénoncé une «campagne de désinformation» d'Erevan, qu'il a accusé d'«alimenter et de soutenir les séparatistes».

Poursuite des pourparlers

En dépit d'un accord sur la cessation des hostilités, «cinq violations du cessez-le-feu» ont été enregistrées «dans les districts de Chucha (deux) et de Mardakert (trois)», selon le ministère russe de la Défense dans un communiqué.

Des tirs, dont l'origine n'est pas connue, ont également été entendus à Stepanakert, la capitale des séparatistes, par un correspondant de l'AFP présent sur place.
Toutefois, malgré des «violations isolées», le cessez-le-feu entré en vigueur le 20 septembre est «globalement» respecté, a estimé le Premier ministre arménien Nikol Pachinian.

Bakou et les séparatistes arméniens du Haut-Karabagh se disent prêts, malgré tout, à poursuivre les pourparlers sur une réintégration de ce territoire sécessionniste à l'Azerbaïdjan, qui ont débuté le 21 septembre à Yevlakh, une ville à 295 km à l'ouest de la capitale, Bakou.

La présidence azerbaïdjanaise, qui a qualifié de «constructives» les deux heures de discussions, a annoncé qu'une nouvelle réunion aurait lieu «le plus rapidement possible».

Pour Pachinian les soldats russes ont manqué à leur mission, malgré leur médiation

«Les parties ont insisté sur la nécessité de discuter de tous les problèmes existants dans un environnement paisible et ont fait part de leur disposition à poursuivre les réunions», ont commenté les séparatistes dans un communiqué.

Bakou envisagerait une amnistie pour les combattants ayant rendu leurs armes, à en croire Hikmet Hajiyev, assistant du président azerbaïdjanais pour la politique étrangère. «Même en ce qui concerne les anciens […] combattants, s'ils peuvent être classés comme tels […], nous envisageons la possibilité d'une amnistie ou faisons également référence à une amnistie», a-t-il déclaré, cité par Reuters.

De son côté, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a accusé le 21 septembre la Russie, dont un contingent est déployé au Haut-Karabagh depuis la dernière guerre de 2020, d'avoir failli à sa mission de maintien de la paix. «Je ne pense pas que nous devons fermer les yeux sur l'échec du contingent de (maintien de la) paix au Haut-Karabagh», a-t-il déclaré à la télévision.

Ce alors que, selon un communiqué de la présidence de Stepanakert, l’«accord sur une cessation complète des hostilités», le 20 septembre, «a été conclu avec la médiation du commandement des forces de paix russes».

Au cours d'une conversation téléphonique avec son homologue azerbaïdjanais, Vladimir Poutine a demandé que «les droits et la sécurité» des Arméniens du Haut-Karabagh soient garantis.

Selon l'Azerbaïdjan, six soldats de la paix russes ont été tués lors de deux incidents séparés pendant l'offensive de Bakou au Haut-Karabagh. Le président Aliev a présenté le 21 septembre «ses excuses» au président russe Vladimir Poutine pour ces morts.

Aucune évacuation de masse prévue, annonce Erevan

Sur la place centrale d'Erevan, la capitale de l'Arménie, des milliers de manifestants étaient rassemblés devant le bureau du Premier ministre dénonçant un risque de «génocide» au Karabagh.

«Nous devons sauver les enfants du Karabagh du génocide!», pouvait-on lire sur une banderole, parmi de nombreux drapeaux arméniens agités par les manifestants. «C'est notre jour de honte. Nikol nous a volé notre patrie», a estimé Arkady Balayan, pharmacien de 32 ans.

La capitulation des séparatistes a fait monter la pression sur le Premier ministre arménien, accusé de ne pas les avoir aidés. Toutefois, ce dernier a exhorté jeudi les Arméniens à emprunter «le chemin» de la paix, même s'il n'est «pas facile».

Le succès militaire des Azerbaïdjanais nourrit les craintes d'un départ massif des 120 000 habitants de cette enclave, bien que le bureau du Premier ministre arménien Nikol Pachinian ait promis qu'aucune évacuation de masse n'était prévue.

Elle est cependant préparée pour accueillir «40 000 familles» de réfugiés, a assuré le 21 septembre, Nikol Pachinian. Plus de 10 000 personnes, dont des femmes, des enfants et des personnes âgées, ont déjà été évacuées, a fait savoir le 20 septembre au soir un responsable séparatiste.

Ce territoire, majoritairement peuplé d'Arméniens, a déjà été le théâtre de deux guerres entre les anciennes républiques soviétiques du Caucase que sont l'Azerbaïdjan et l'Arménie : l'une de 1988 à 1994 (30 000 morts) et l'autre à l'automne 2020 (6 500 morts).