«Concernant la guerre en Ukraine [...] dans le cadre de la Charte de l'ONU, tous les Etats doivent s'abstenir de recourir à la menace ou à l'emploi de la force pour chercher à obtenir des gains territoriaux au détriment de l'intégrité territoriale et de la souveraineté politique de tout Etat», ont conclu les représentants des pays du G20 le 9 septembre 2023.
Un glissement lexical sous l'influence chinoise
En évoquant «tous» les Etats, ce texte modère la position du G20. Aussi n’a-t-il pas répété le terme «d’agression», utilisé en 2022 lors du précédent sommet du G20 à Bali dans une référence à une résolution du Conseil de sécurité qui avait déploré «dans les termes les plus vifs l'agression commise par la Fédération de Russie contre l'Ukraine».
Selon le Financial Times, le terme de «guerre» utilisé dans cette déclaration implique une responsabilité partagée entre les belligérants. Le quotidien britannique, citant des diplomates occidentaux sous couvert d’anonymat, a indiqué que c’était grâce à la Chine que ce compromis de langage avait été atteint. «C’est un fait que c’est aujourd’hui une question très polarisante et il existe de multiples points de vue à ce sujet», a déclaré le ministre indien des Affaires étrangères, Subrahmanyam Jaishankar, soulignant l'absence d'unanimité dans le groupe.
Plus encore, la déclaration appelle à la paix, sans évoquer de retour de territoire comme l’exige aujourd’hui Kiev.
Les Etats-Unis saluent le texte, Kiev tance le G20
Le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a cependant salué la formulation du texte. «De notre point de vue, c'est un très bon travail», a-t-il déclaré à des journalistes. La déclaration renforce le principe selon lequel le recours à l'arme nucléaire est «inadmissible» et qu'«une paix juste doit être fondée sur les principes de la Charte des Nations unies, notamment les principes de souveraineté et d'intégrité territoriale», a-t-il ajouté.
«L'Ukraine est reconnaissante envers les partenaires qui ont essayé d'inclure une formulation forte dans le texte. En même temps, en ce qui concerne l'agression de la Russie contre l'Ukraine, le G20 n'a pas de quoi être fier», a déclaré un porte-parole du ministère ukrainien des Affaires étrangères, Oleg Nikolenko.
L'Inde, hôte du sommet du G20, entretient des liens traditionnels avec Moscou, via notamment les BRICS ou par ses importations d'armement, mais participe aussi au «Quad» aux côtés des Etats-Unis, du Japon et de l'Australie.