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Pékin dénonce une mentalité de guerre froide après le sommet entre Washington, Séoul et Tokyo

La Chine a adressé des protestations «solennelles» concernant la déclaration publiée par Washington, Séoul et Tokyo, dans laquelle ils s'opposent au «comportement dangereux et agressif» de Pékin dans la région Asie-Pacifique.

«Les dirigeants des Etats-Unis, du Japon et de la République de Corée ont dénigré et attaqué la Chine sur les questions maritimes et liées à Taïwan, se sont immiscés dans les affaires intérieures de la Chine et ont délibérément semé la discorde entre la Chine et ses voisins», a dénoncé le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin, lors d'un point presse régulier, ce 21 août.

Pékin a exprimé «son vif mécontentement et sa ferme opposition» et a déposé des protestations «solennelles auprès des parties concernées», a encore déclaré Wang Wenbin.

Le président américain a accueilli la semaine dernière à Camp David, près de Washington, les dirigeants de la Corée du Sud et du Japon pour un sommet qu'il a qualifié d'«historique». Joe Biden a insisté sur le fait que le sommet ne visait pas la Chine, reconnaissant néanmoins que celle-ci avait «évidemment été un sujet».

Dans une déclaration conjointe publiée le 19 août, les trois puissances condamnent le «comportement dangereux et agressif» et les «revendications maritimes illégales» de la Chine, sur fond de tensions en mer de Chine méridionale. 

Dans le texte commun, baptisé «L'esprit de Camp David», Séoul, Washington et Tokyo se déclarent «fermement [opposés à] toute tentative unilatérale visant à modifier le statu quo dans les eaux de la région» Asie-Pacifique, et réaffirment «l'importance de la paix et de la stabilité dans le détroit de Taïwan».

Une «tentative de raviver la mentalité de la guerre froide»

Ce 21 août, Wang Wenbin a estimé que ce sommet consistait en une «tentative de raviver la mentalité de la guerre froide en incitant à la division et à la confrontation par le biais de divers petits cercles fermés et exclusifs».

«Si les pays concernés se soucient réellement de la paix et de la stabilité dans le détroit de Taïwan, ils devraient respecter le principe d'une seule Chine, cesser d'approuver et de soutenir les séparatistes prônant l'indépendance de Taïwan et leurs activités, et prendre des mesures concrètes pour sauvegarder la paix et la stabilité régionales», a déclaré ce 21 août le porte-parole. «La question de Taïwan est une affaire purement interne à la Chine», a-t-il ajouté.

Pékin considère Taïwan comme l'une de ses provinces, non réunifiée depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949. Le 19 août, l'armée chinoise a organisé des manœuvres aériennes et maritimes autour de Taïwan, qu'elle a qualifiées de «sévère mise en garde» après une escale aux Etats-Unis du vice-président de l'île démocratique autonome, William Lai, favori de l'élection présidentielle taïwanaise de 2024.

La rencontre de Camp David était la première entre les dirigeants des Etats-Unis, du Japon et de la Corée du Sud dans le cadre d'un sommet indépendant, plutôt qu'en marge d'un événement plus important.

Le président américain a annoncé que les trois pays se consulteraient systématiquement et «rapidement» à l'avenir face aux «menaces» les visant et a annoncé l'ouverture d'une ligne de communication directe. Les trois pays vont mettre en place un programme d'exercices militaires conjoints sur plusieurs années et entendent coopérer en matière économique, par exemple via un mécanisme d'alerte censé signaler les risques de pénurie de certains produits ou matières premières. Les dirigeants ont également convenu de partager des données en temps réel sur la Corée du Nord et d'organiser des sommets chaque année.