La deuxième édition du Forum économique eurasien a débuté ce 24 mai à Moscou. Durant deux jours, plus de 2 500 représentants des milieux d'affaires, des médias, d’organismes publics et d’organisations internationales, originaires de 54 pays, y sont attendus.
S’adressant à l’assemblée, aux côtés de ses homologues issus des pays membres de l’Union économique eurasiatique (UEEA), le président russe Vladimir Poutine a plaidé pour la construction d’une «nouvelle architecture» des relations économiques «plus juste et équitable». Une aspiration partagée, selon lui, par un nombre croissant de pays qui entendent suivre «leur propre modèle de développement» et multiplier des partenariats basés «sur le respect des intérêts des uns et des autres».
«Tous ceux qui agissent ou pensent autrement portent un préjudice à l’économie mondiale et se tirent un coup dans le pied», a estimé l’homme fort du Kremlin, réitérant que son pays demeurait «prêt à coopérer» avec tous ses partenaires. Une attitude qui tranche avec celle adoptée par les pays occidentaux et leur régime de sanctions.
Ces mesures de rétorsion n'ont pas eu le résultat escompté, Vladimir Poutine rappelant les révisions, à la hausse, de la croissance russe. Une tendance qui défie les pronostics établis lorsque ces sanctions occidentales étaient entrées en vigueur contre Moscou. Des «chiffres donnés par des organismes internationaux, qui sont – à propos – sous leur contrôle», a insisté le chef d’Etat.
L'Ukraine qualifie la Russie d'agresseur, mais continue en même temps d'encaisser de l'argent pour le transit des ressources énergétiques
Celui-ci a souligné, en retour, la responsabilité que portent selon lui les Occidentaux dans la crise énergétique qu’ils ont traversé. «A qui est la faute ?» interroge-t-il. «Nord Stream 1 ? On l’a fait sauter. Nord Stream 2 ? On a interdit son lancement. Le gazoduc Yamal Europe a été fermé par la Pologne», égraine Vladimir Poutine, qui évoque également le sort des gazoducs traversant le territoire ukrainien «dont l’un a été fermé par l’Ukraine».
«L'Ukraine qualifie la Russie d'agresseur, mais continue en même temps à encaisser de l'argent pour le transit des ressources énergétiques», a poursuivi le président russe, déclarant que son pays était «toujours à la hauteur de ses engagements». Souveraineté financière et industrielle figuraient également au menu de son discours. Vladimir Poutine a notamment rappelé le projet de construction d’un chemin de fer avec l'Iran, en coopération avec l'Azerbaïdjan. Une voie de communication qui permettrait de relier les ports russes de la Baltique avec les ports iraniens et ainsi l’océan Indien.
«Le lancement de cet itinéraire permettra d’assurer le transit annuel de 30 millions de tonnes de cargaisons», a précisé le chef d'Etat. Des marchandises qui transiteront sans passer par les voies maritimes de l'ouest et le canal de Suez.
Sur le plan financier, le président russe a évoqué des «modifications importantes» en cours et s’est réjoui que son pays ait «su non seulement s’adapter mais aussi devenir l’un des leaders de ce processus». «Nous aspirons à réduire le taux des devises des pays inamicaux dans nos échanges entre les membres de l’Union», a-t-il souligné, évoquant des tendances similaires en Chine, en Inde ainsi qu’en Amérique latine.
«Il est important de coordonner les efforts pour former ce système financier décentralisé. Et c’est grâce à ce futur système que la stabilité des finances mondiales va être renforcée», a déclaré Vladimir Poutine. «Cette nouvelle structure renforcera la sécurité et la fiabilité des paiements et dépolitisera les échanges économiques», a encore estimé le président russe.
Autre «priorité» aux yeux de Vladimir Poutine : la souveraineté technologique. «Notre pays dispose d’un potentiel scientifique et industriel suffisant pour la fabrication des produits de qualité et de haute technologie», a-t-il développé. Une indépendance technologique qu’il désigne comme étant «le cœur de l’indépendance économique, voire politique».