Trop, c'est trop : après une critique de Gérald Darmanin à l'endroit de Giorgia Meloni, le chef de la diplomatie italienne, Antonio Tajani, a annulé son voyage à Paris. Giorgia Meloni «est incapable de régler les problèmes migratoires» de l'Italie, pays qui connaît une «très grave crise migratoire», avait affirmé ce 4 mai au matin, sur la radio française RMC, Gérald Darmanin.
La ministre française des affaires étrangères Catherine Colonna devait rencontrer ce 4 mai au soir, à Paris, son homologue italien. «Le gouvernement français souhaite travailler avec l'Italie pour faire face au défi commun que représente la hausse rapide des flux migratoires», avait pourtant déclaré le Quai d'Orsay pour calmer les choses. Mais rien n'y a fait.
«Je n'irai pas à Paris pour la rencontre prévue avec» la ministre des Affaires étrangères française Catherine Colonna, a annoncé Tajani sur Twitter. «Les offenses contre le gouvernement et l'Italie lancées par M. Darmanin sont inacceptables. Ce n'est pas l'esprit avec lequel on doit affronter les défis européens communs».
«l'Italie est incapable de gérer cette pression migratoire.»
Gérald Darmanin avait fait état d'«un afflux de personnes migrantes et notamment de mineurs» dans le sud de la France, et en avait rejeté la faute sur le voisin italien : «La vérité, c'est qu'il y a en Tunisie (...) une situation politique qui fait que beaucoup d'enfants notamment remontent par l'Italie et que l'Italie est incapable (...) de gérer cette pression migratoire.»
«Meloni, c'est comme (la cheffe de file de l'extrême droite en France) Le Pen, elle se fait élire sur "vous allez voir ce que vous allez voir" et puis ce qu'on voit c'est que ça (l'immigration) ne s'arrête pas et que ça s'amplifie», a poursuivi le ministre français.
36 000 arrivées depuis le début de l'année en Italie
Selon le ministère italien de l'Intérieur, plus de 36 000 personnes sont arrivées par la Méditerranée en Italie cette année, contre environ 9 000 durant la même période en 2022.
En novembre déjà, les deux pays avaient connu une forte poussée de fièvre lorsque le gouvernement de Giorgia Meloni, à peine arrivé au pouvoir, avait refusé de laisser accoster le navire humanitaire de l'ONG SOS Méditerranée, qui avait fini par être accueilli pour la première fois par la France, à Toulon. L'épisode avait suscité la colère de Paris, qui avait convoqué une réunion européenne pour que ce scénario inédit ne se reproduise pas.