Le président iranien, Ebrahim Raïssi, a estimé ce 3 mai à Damas que la Syrie de Bachar al-Assad avait «remporté la victoire» dans un pays déchiré par une guerre civile depuis 12 ans. Un pays dont Téhéran est l'un des principaux alliés.
Il s'agit de la première visite d'un président iranien en Syrie depuis 2010, alors que Téhéran n'a jamais cessé de fournir un soutien économique, politique et militaire au gouvernement d'Assad, contribuant à faire basculer le conflit en faveur de Damas.
«Le gouvernement et le peuple syriens ont traversé de grandes difficultés, et aujourd'hui, nous pouvons dire que vous avez surmonté tous ces problèmes et remporté la victoire malgré les menaces et les sanctions qui vous ont été imposées», a déclaré le président iranien lors d'une rencontre avec son homologue syrien, dans un contexte de réchauffement diplomatique dans la région.
Des relations irano-syriennes «stables et constantes»
Le président Assad a de son côté estimé que «durant les périodes difficiles», les relations syro-iraniennes étaient «stables et constantes, malgré les graves tempêtes politiques et sécuritaires qui ont frappé le Moyen-Orient».
«Quand la guerre contre la Syrie a été déclenchée il y a 12 ans, l'Iran n'a pas hésité à offrir un soutien économique et politique total et même à offrir de son sang», a-t-il ajouté.
Grâce à ses alliés russes et iraniens, le gouvernement syrien contrôle aujourd'hui la majorité des territoires perdus depuis le début du conflit en 2011. En dépit d'une nette baisse de l'intensité des combats depuis 2019, les armes ne se sont pas totalement tues.
La visite d'Ebrahim Raïssi, accompagné du chef de la diplomatie et de cinq autres ministres iraniens, se déroule sur fond de dégel des relations entre les deux poids lourds du Moyen-Orient, l'Arabie saoudite et l'Iran.
Selon les médias officiels, les présidents syrien et iranien ont signé un protocole d'accord pour un plan de coopération stratégique global à long terme, incluant plusieurs domaines, notamment l'agriculture, les chemins de fer, l'aviation civile, le pétrole et les zones franches.
Ebrahim Raïssi doit également se rendre au tombeau de Sayyida Zeinab, lieu de pèlerinage chiite important, dans la banlieue sud-est de Damas.
Vers un renforcement de la coopération économique post-conflit
La protection de ce lieu saint a mobilisé les combattants soutenus par Téhéran qui ont apporté leur aide aux forces gouvernementales.
Des drapeaux iraniens et des photos des deux présidents – sur lesquelles l'inscription «bienvenue» était lisible en arabe et en farsi – étaient hissés sur les poteaux d'éclairage de la route de l'aéroport et de celle menant à Sayyida Zeinab.
Dès le début du conflit en 2011, Téhéran a envoyé des militaires présentés comme des conseillers, en soutien à l'armée syrienne. Plusieurs d'entre eux ont été tués dans des frappes israéliennes.
L'Iran soutient des groupes étrangers, comme le puissant Hezbollah chiite libanais, qui ont combattu aux côtés des forces gouvernementales.
Le porte-parole du gouvernement iranien, Ali Bahadori Jahromi, a affirmé que ce voyage, à l'invitation du président Assad, revêtait une «importance stratégique» pour les deux pays et que son objectif était d'ordre «économique».
Depuis 2013, l'Iran a aussi ouvert des lignes de crédit, notamment pour garantir les besoins en pétrole de la Syrie, frappée par un embargo international.
Damas et Téhéran ont en outre signé des accords bilatéraux début 2019 dans plusieurs domaines, dont l'un comprenait l'inauguration de nouveaux ports dans les villes côtières de Lattaquié et Tartous.
Le rapprochement inattendu entre l'Arabie saoudite et l'Iran bénéficie à Bachar al-Assad, qui s'efforce de mettre fin à plus d'une décennie d'isolement diplomatique. Plusieurs capitales arabes longtemps hostiles à Damas, notamment Riyad, ont récemment renoué avec lui, en particulier après le séisme dévastateur de février en Turquie et en Syrie.
Le dernier président iranien à s'être rendu à Damas était Mahmoud Ahmadinejad, en septembre 2010, avant la guerre en Syrie qui a fait plus d'un demi-million de morts.
Le président Assad s'était lui rendu en Iran en mai 2022, pour la deuxième fois depuis le début de la guerre.