Le journaliste américain Matt Taibbi a témoigné le 9 mars devant la commission judiciaire de la Chambre des représentants à propos des «Twitter files», auxquels il a activement contribué, notamment en mettant en lumière la pression politico-médiatique à laquelle a été confronté le réseau social ces dernières années. Comme en témoignent les interventions de plusieurs de ses interlocuteurs lors de sa récente audition au Congrès, la saga des «Twitter files» semble avoir laissé un goût particulièrement amer au sein du camp démocrate.
Certains d'entre eux ont en effet vivement cherché à discréditer Matt Taibbi sur le plan personnel, avant même sa déclaration d'ouverture, dans laquelle il a rappelé son expérience en tant que professionnel de l'information, ainsi que son attachement au premier amendement de la Constitution américaine qui, entre autres, interdit au Congrès d'entraver la liberté de la presse.
Madame la déléguée Plaskett, je ne suis pas un "soi-disant journaliste" [...] j'ai écrit dix livres, dont quatre best-sellers du New York Times
Stacey Plaskett, déléguée démocrate à la Chambre des représentants depuis 2015, a ainsi attaqué l'auditionné du jour en le présentant d'emblée comme appartenant à un groupe de «soi-disant journalistes». «Madame la déléguée Plaskett, je ne suis pas un "soi-disant journaliste", j'ai remporté le National Magazine Award, le I.F. Stone Award for Independent Journalism et j'ai écrit dix livres, dont quatre best-sellers du New York Times», a alors répondu le principal intéressé lors de sa présentation.
Matt Taibbi a également dû répondre aux efforts déployés par d'autres députés démocrates pour le mettre en tort vis-à-vis de son éthique professionnelle, notamment en lui demandant de révéler les sources avec lesquelles il a échangé dans le cadre de ses récentes investigations.
«Vous considérez Musk comme la principale source dans tout cela ? [...] La conclusion logique est qu'il est votre source», l'a par exemple encouragé à admettre, à plusieurs reprises, Sylvia Garcia, élue démocrate à la Chambre des représentants en novembre 2018. «Non, vous essayez de me faire dire qu'il est la source et je ne peux répondre à cette question», lui a notamment rétorqué le journaliste en refusant ainsi d'aiguiller sa détractrice sur l'identité des interlocuteurs avec qui il a pu échanger pour son travail lié aux «Twitter files».
D'autres encore, comme Daniel Sachs Goldman (homme de loi qui a été particulièrement actif dans le cadre des procédures relatives à un impeachment de Trump et qui a fait son entrée à la chambre des représentants au début de l'année), ont insisté avec agressivité pour que le journaliste originaire du New Jersey valide ou remette en cause des accusations visant Donald Trump dans le cadre du très médiatisé Russiagate, pour lequel Matt Taibbi a participé à mettre en lumière la fragilité d'éléments clés dans cette affaire, ainsi que la désinformation massive à son sujet au sein du paysage politico-médiatique de son pays.
Pour rappel, Matt Taibbi a consacré un épisode des Twitter files au malaise traversé début 2018 par une partie des équipes de Twitter face aux efforts répétés du camp démocrate pour appuyer la thèse d’une prétendue ingérence russe massive sur le réseau social, notamment en accusant la Russie, en vain, d'avoir considérablement amplifié certains épisodes relevant de la vie politique américaine.