Plusieurs chancelleries occidentales, dont Washington, ont apporté ces derniers jours leur soutien aux manifestations antigouvernementales en Géorgie contre un projet de loi sur le financement des ONG, texte que le parti au pouvoir a finalement retiré, le 9 mars. Alors qu'elle a immédiatement salué depuis New York l'abandon de cette législation, la présidente géorgienne Salomé Zourabichvili, qualifiée par l'AFP de «pro-occidentale critique du gouvernement de son pays mais dont les pouvoirs sont limités», s'est félicitée d'une «victoire» des manifestants.
Invité le 10 mars à commenter la situation dans ce pays voisin de la Russie, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a tout d'abord souligné que la situation à l’origine de ces manifestations n'avait «rien à voir avec la Russie [...] ni sur le fond, ni sur la forme». Les autorités russes considèrent en revanche que d'autres puissances étrangères s'immiscent dans les affaires géorgiennes : «En même temps, nous voyons une main, qu'on ne peut pas dire invisible, elle est bien visible. Nous voyons d'où la présidente de la Géorgie s'adresse à son peuple. Elle ne le fait pas depuis la Géorgie mais depuis les Etats-Unis. Et la main visible de quelqu'un essaie soigneusement d'ajouter des éléments antirusses, сe qui entraîne un risque de provocations», a déclaré Dmitri Peskov, exprimant la préoccupation de la Russie à ce sujet.
La main visible de quelqu'un essaie soigneusement d'ajouter des éléments antirusses, сe qui entraîne un risque de provocations
Dans la même veine, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, ce 10 mars également, a établi un parallèle entre les mobilisations contre le projet de loi géorgien et le coup de Maïdan, soutenu par l'Occident en Ukraine en 2014. «Il ne fait aucun doute que la loi sur l'enregistrement des ONG qui reçoivent un financement étranger représentant plus de 20% de leur budget n'était qu'un prétexte pour lancer, en réalité, une tentative de coup d'Etat», a assuré le ministre des Affaires étrangères.
Slogans pro-UE et anti-Russie
Le projet de loi géorgien au cœur de la polémique, dit «Sur la transparence de l'influence étrangère», proposait que les ONG financées à plus de 20% par des fonds étrangers s'enregistrent comme «agents de l'étranger».
Si les manifestations de ces derniers jours ciblaient ce projet de loi, elles ont également été l'occasion d'exprimer d'autres revendications et motivations politiques. Les participants aux dernières mobilisations antigouvernementales à Tbilissi ont ainsi brandi des drapeaux de l'Union européenne et exprimé leur soutien à l'intégration de la Géorgie à l'UE. D'autres ont lancé des slogans contre la Russie et exprimé leur hostilité au président russe. A ce sujet les opposants au projet de loi sur le financement étranger des ONG l'avaient comparé à une loi russe sur le même thème. En outre, il convient de rappeler que les relations russo-géorgiennes ont été marquées, dans l'Histoire récente, par un conflit éclair en 2008, à l'issue duquel la Russie a reconnu l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, territoires que la Géorgie considère toujours comme siens.
Le 10 mars à Tbilissi, des manifestants continuaient à battre le pavé, alors même que le parti majoritaire au Parlement a annoncé la veille le retrait du projet de loi sur le financement des ONG.