Le président russe Vladimir Poutine a tenu ce 21 février son discours annuel devant l'Assemblée fédérale. Outre les questions économiques et sociales, il a notamment évoqué les raisons de l'offensive en Ukraine et les perspectives internationales.
Poutine dénonce le «bluff» occidental sur le processus de paix
Au sujet de l'intervention en Ukraine, Vladimir Poutine a insisté sur la responsabilité des dirigeants occidentaux dans le conflit, soulignant : «Les Etats-Unis et l’OTAN ont accéléré le déploiement de leurs bases militaires et laboratoires biologiques secrets près des frontières de notre pays.»
Et de poursuivre : «Ils sont carrément fiers et se délectent de leur trahison, qualifiant les accords de Minsk ainsi que les sommets au format Normandie de performance diplomatique, de bluff. Il s'avère que tout le temps où le Donbass brûlait, où le sang coulait, quand la Russie cherchait sincèrement, et j’insiste là-dessus, sincèrement une solution, en réalité, ils jouaient avec la vie des gens, comme on dit dans des cercles fameux, avec des "cartes truquées".»
Vladimir Poutine s'est néanmoins dit prêt à de nouvelles discussions avec les pays occidentaux au sujet de l'architecture de sécurité en Europe, a ajouté Vladimir Poutine. Il a rappelé que la Russie avait proposé cette négociation durant plusieurs années et avait même envoyé officiellement aux Etats-Unis et à l'OTAN un projet d'accord en décembre 2021, mais s'était heurtée à une fin de non-recevoir de la part de l'Occident.
«Pas une guerre contre le peuple ukrainien», souligne Poutine
Rappelant que les populations du Donbass avaient fait l'objet de bombardements ukrainiens depuis 2014 en violation des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, Vladimir Poutine a souligné : «C'est [Kiev et ses alliés] qui ont déclenché la guerre. Alors que nous avons utilisé et utilisons la force pour l’arrêter.»
«Nous ne menons pas une guerre contre le peuple ukrainien, je l’ai déjà dit maintes fois. Le peuple ukrainien lui-même est devenu otage du régime de Kiev et de ses propriétaires occidentaux qui ont de facto occupé ce pays dans le sens politique, militaire et économique», a souligné le chef de l'Etat russe.
«Personne n’a pensé aux gens, ils les avaient préparés pour le massacre. Et finalement ils ont fait d’eux du matériel consommable. C’est triste, c’est effrayant d’en parler, mais c’est un fait. La responsabilité pour ce qui est d'inciter le conflit ukrainien, pour son escalade et l’augmentation du nombre des victimes revient amplement aux élites occidentales et au régime de Kiev actuel, pour lequel le peuple ukrainien est au fond étranger», a encore poursuivi Vladimir Poutine.
La Russie suspend sa participation au traité New Start, mais ne s'en est pas retirée
Vladimir Poutine a en outre, au cours de son discours, fait savoir que Moscou avait suspendu sa participation au traité New Start sur le désarmement nucléaire, sans pour autant se retirer de l'accord.
«Je suis contraint d'annoncer aujourd'hui que la Russie suspend sa participation au traité de réduction des armes stratégiques. Je répète qu'elle ne se retire pas du traité, non, mais qu'elle suspend sa participation. Avant de reprendre le dialogue sur cette question, nous devons comprendre nous-mêmes ce que les pays de l'OTAN comme la France et le Royaume-Uni revendiquent et comment nous allons prendre en compte leurs arsenaux stratégiques», a expliqué le dirigeant.
Evoquant une demande adressée début février par l'OTAN qui souhaitait pouvoir inspecter les infrastructures nucléaires russes dans le cadre de ce traité, Vladimir Poutine a dénoncé un «théâtre de l'absurde».
«Nous savons que l'Occident est directement impliqué dans les tentatives de frapper nos bases aériennes, et maintenant, ils veulent inspecter nos installations de défense ?», a-t-il raillé, notant que les arsenaux nucléaires de la Grande-Bretagne et la France étaient également «dirigés contre la Russie».
En août 2022, la diplomatie russe avait déjà fait savoir qu'elle suspendait les inspections prévues par l'OTAN en raison du conflit opposant les deux parties.
«Les initiateurs des sanctions se punissent eux-mêmes»
Enfin, au sujet des sanctions qui frappent la Russie, en particulier depuis le lancement de son offensive en Ukraine, Vladimir Poutine a souligné que l'Occident n'y avait «rien gagné».
«Les initiateurs des sanctions se punissent eux-mêmes en provoquant une hausse des prix, des pertes d'emplois, des fermetures d'entreprises et une crise énergétique dans leurs propres pays. Ils disent à leurs concitoyens, on le sait, que c'est la faute des Russes», a développé le président russe.
Au sujet du «vol» par l'Occident des réserves de change russes, Vladimir Poutine a résumé : «Je le répète, les sanctions antirusses ne sont qu'un moyen pour atteindre leur objectif, et cet objectif, comme le déclarent les dirigeants occidentaux eux-mêmes, je cite, est de "faire souffrir" les Russes, de les "faire souffrir". En voilà des humanistes ! Ils veulent faire souffrir notre peuple, déstabiliser ainsi la société de l'intérieur. Mais leur calcul s'est avéré faux.»