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Appel à bannir ses athlètes : Moscou fustige «une volonté flagrante de détruire l’unité du sport»

La Russie a dénoncé l'appel à bannir les sportifs russes des JO 2024, au lendemain d'une réunion où le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé à une telle mesure. La maire de la ville hôte s’est elle-même prononcée pour l’exclusion.

«Nous voyons maintenant une volonté flagrante de détruire l’unité du sport international et du mouvement olympique international, de faire du sport un moyen de pression pour résoudre des problèmes politiques», a déclaré à la presse ce 11 février Oleg Matytsin, ministre russe des Sports.

«Il s’agit d’une ingérence directe des ministres dans les activités d’organisations sportives internationales indépendantes, d’une tentative d’imposer des conditions de participation aux compétitions internationales, ce qui est absolument inacceptable», a estimé le ministre. Avant de poursuivre : «De plus, il y a plus d’un mois, les comités nationaux olympiques de ces mêmes pays ont soutenu la décision du Comité olympique international concernant la participation de nos athlètes aux compétitions. Cela signifie qu’à l’intérieur de ces pays, il existe une pression sur les activités d’organisations publiques indépendantes, ce dont ils ont essayé de nous accuser.» 

L’intransigeance ukrainienne agace le CIO

La veille de ces déclarations, Volodymyr Zelensky a estimé que la présence de sportifs russes aux Jeux de Paris serait «un signe de violence et d'impunité», tentant lors d'une réunion de convaincre des ministres des Sports de plusieurs pays. Ceux appelant à une exclusion «feraient mieux de s'occuper du sport dans leurs propres pays et de tout faire pour que le sport soit un ambassadeur de la paix et permette de construire des ponts entre les peuples», a commenté Oleg Matytsin. Ce dernier a assuré que «personne» n'avait appelé à l'exclusion des sportifs américains des Jeux de 2004 après l'invasion de l'Irak par Washington.

L'Ukraine est vent debout contre l'éventualité d'une présence d'athlètes russes et biélorusses aux JO de 2024 à Paris, y compris sous bannière neutre, envisagée par le Comité international olympique (CIO), sans que rien n'ait encore été décidé en ce sens. Elle a menacé de boycotter la compétition.

Le 30 janvier, dans un tweet, le conseiller de la présidence ukrainienne Mikhaïlo Podoliak s’en était personnellement pris au président du CIO, Thomas Bach, accusant l’instance olympique d’être «un promoteur de la guerre, du meurtre et de la destruction». «Le CIO regarde avec plaisir la Russie détruire l'Ukraine et offre ensuite à la Russie une plateforme pour promouvoir le génocide», avait insisté le conseiller ukrainien.

Dans un courrier daté du 31 janvier adressé au Comité olympique ukrainien, le président du CIO avait dénoncé cette intransigeance de Kiev, qui va selon lui «à l'encontre des fondamentaux du mouvement olympique». L'hostilité ukrainienne à la présence de sportifs russes est soutenue par les alliés traditionnels de Kiev tels que le Royaume-Uni et la Pologne. Les Etats-Unis se sont à l'inverse prononcés en faveur du compromis d'une participation sous bannière neutre.

De son côté, Anne Hidalgo, maire de Paris qui accueillera les futurs Jeux olympiques, a affiché son opposition à la venue d’athlètes russes «tant qu’il y a la guerre». Quelques jours plus tôt, fin janvier, l’édile parisien s’était dit favorable à un retour des Russes «sous une bannière neutre» afin de ne pas «priver les athlètes de leur compétition». Une position également à contrecourant de celle du président du Comité d’organisation des JO de Paris, Tony Estanguet, qui début février avait estimé que les athlètes russes et biélorusses ne devaient pas «souffrir de décisions qui ne les concernent pas».