Syndicats de paysans, organisations civiles et mouvements étudiants venus des régions andines de Cusco et Puno, dans le sud du pays, ainsi que des habitants de la capitale Lima ont convergé le 4 février vers la Plaza Dos de Mayo pour exiger une nouvelle fois la démission de la présidente Dina Boluarte et la dissolution du Parlement.
A la nuit tombée, la police a fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants qui avançaient vers le Parlement et le palais du gouvernement. Les protestataires, munis de casques et boucliers artisanaux, ont affronté les forces de l'ordre en tirant notamment des feux d'artifice.
«Aujourd'hui, toutes les communautés sont dehors», a assuré un représentant des étudiants, pendant que se faisait entendre le mécontentement de la campagne andine, accablée par la pauvreté malgré la richesse de ses terres en ressources naturelles.
«Nous ne renoncerons pas à cette lutte, ceux qui doivent abandonner, ce sont l'usurpatrice [Dina Boluarte] et le Parlement, qui font tout pour ne pas avoir à améliorer notre situation. Ils ne font que nous voler et donner nos richesses à des entreprises qui ne sont pas péruviennes», a dénoncé à l'AFP Romina Cuno, une paysanne âgée de 37 ans originaire de Puno.
Des manifestants issus d'autres régions reculées du Pérou se sont aussi joints à la manifestation, ainsi que des habitants des quartiers défavorisés du nord de Lima qui sont arrivés en courant et en scandant «Sí se puede» (oui on peut), tout en brandissant des drapeaux péruviens et le wiphala, le drapeau andin, ont rapporté des journalistes de l'AFP.
Parallèlement, une autre manifestation a eu lieu dans les rues du centre-ville de Lima, avec une cinquantaine de personnes qui se sont identifiées comme la «Légion patriotique», affirmant défendre la police péruvienne «pour ses actions contre les terroristes subversifs».
Cette manifestation se tenait au lendemain de la décision du Parlement péruvien de bloquer jusqu'au mois d'août tout débat visant à avancer les élections présidentielle et législatives à octobre 2023.
La proposition d'avancer les scrutins, présentée par la présidente Dina Boluarte, a été rejetée pour la quatrième fois par l'instance législative.
Les troubles ont éclaté après la destitution et l'arrestation le 7 décembre du précédent dirigeant socialiste Pedro Castillo, accusé d'avoir tenté un coup d'Etat en voulant dissoudre le Parlement qui s'apprêtait à le chasser du pouvoir.