Un manifestant a été mortellement blessé lors de violentes manifestations le 28 janvier à Lima, a annoncé le bureau du médiateur sur son compte Twitter. Il s'agit du premier mort dans la capitale péruvienne.
Au milieu des grenades lacrymogènes, le centre de la capitale péruvienne a été une fois de plus le théâtre d'affrontements violents entre forces de l'ordre et manifestants, dans une crise politique qui dure depuis 52 jours, et ayant fait 48 morts au total [57, selon l'ombudsman], dont un policier, selon les chiffres officiels.
Ces nouveaux heurts ont éclaté autour du Parlement, après le refus des députés de donner leur feu vert à des élections anticipées. «Nous voulons la dignité, Dina démissionne maintenant», scandaient les manifestants en référence à la présidente par intérim Dina Boluarte, dont les protestataires revendiquent le départ.
Dina Boluarte dirige le Pérou depuis la destitution le 7 décembre par le Parlement de l'ancien président élu Pedro Castillo, ce qui a déclenché des manifestations dans le pays. La marche de Lima avait commencé comme une fête populaire avant de virer à l'affrontement entre un groupe de manifestants encagoulés et la police anti-émeute, faisant un mort et deux blessés dont un policier.
Premier mort à Lima
Jusqu'à présent, les décès sont survenus à Puno et d'autres régions andines du sud du pays, où vivent des populations historiquement défavorisées, qui soutenaient Pedro Castillo et voyaient son élection comme une revanche sur ce qu'elles considèrent être le mépris de Lima à leur égard.
Les manifestants réclament l'avancée des élections présidentielle et législatives à 2023, une demande formulée par la présidente par intérim et rejetée par le Parlement tôt le 28 janvier.
Un projet de loi déposé la veille prévoyait d'organiser des élections anticipées en décembre 2023. Pour contenir la mobilisation naissante, le Parlement avait déjà avancé le scrutin à avril 2024. La présidente par intérim, dont le mandat court théoriquement jusqu'en 2026, avait appelé à de telles élections anticipées afin de sortir le pays «du bourbier».
Elle a déploré que le Parlement n'ait pas été «en mesure de convenir d'une date pour les élections générales, lors desquelles les Péruviens pourront élire librement et démocratiquement les nouvelles autorités».
Les troubles ont commencé au Pérou le 7 décembre, après la destitution et l'arrestation du président socialiste Pedro Castillo, accusé d'avoir tenté un coup d'Etat en voulant dissoudre le Parlement qui s'apprêtait à le chasser du pouvoir et qui avait, par deux fois déjà, essayé de le destituer en moins d'un an et demi de pouvoir. Dina Boluarte, son ancienne vice-présidente et colistière aux élections de 2021, l'a remplacé conformément à la Constitution mais est considérée comme «une traîtresse» par les manifestants.